Le vol de vélos : portrait d’un problème tenace

Malgré les efforts déployés par le Service de police de Montréal (SPVM), le vol de vélos est une problématique qui perdure. L’application Garage 529, lancée en avril dernier, aurait toutefois le potentiel d’améliorer la situation pour les cyclistes de la métropole.

Entre 15 000 et 20 000 vélos seraient volés annuellement à Montréal, alors que seulement 2100 de ces vols seraient rapportés en moyenne au service de police, affirme Steve Girard, agent responsable du dossier vélos au SPVM. L’organisme Vélo Québec estime même qu’un cycliste sur deux serait victime d’un vol de vélo dans sa vie.

Au cours des dernières années, le SPVM a tenté de s’attaquer au problème des vols de vélos, mais n’a pas vu d’amélioration concrète. Le service de police a lancé, en 2018, une série de séances de burinage gratuites à travers la ville, notamment dans les parcs et les universités.

Cette technique, qui consiste à graver un numéro d’identification unique sur chaque vélo, permet d’inscrire ce dernier dans la base de données du SPVM pour mieux le reconnaître s’il est déclaré volé. Toutefois, parmi les 500 vélos retrouvés par les forces de l’ordre chaque année, la moyenne de vélos retournés à leurs propriétaires demeure autour de 5 %. Trop peu des victimes de ces vols remplissent un rapport à la police, d’après les données du SPVM.

Maude Turcotte, étudiante en physiothérapie à l’Université de Montréal, a été confrontée à l’inefficacité des solutions offertes par les forces de l’ordre lorsqu’elle s’est fait voler son vélo en 2018. Ayant déjà fait buriner ce dernier, elle a vite rempli un rapport de vol avec le SPVM dans l’espoir de le retrouver, mais son vélo ne lui a jamais été rendu. Aujourd’hui, elle juge que ces démarches ont peu servi. « Le SPVM a été, au mieux, semi-utile », dit-elle.

Garage 529: une nouvelle piste de solution

En avril 2021, le SPVM a annoncé son partenariat avec le service 529 Garage. Créé en 2013 à Seattle, cet organisme à but non lucratif permet aux utilisateurs et utilisatrices de se protéger contre le vol de vélo.

Sur l’application de Garage 529, qui porte le même nom, les cyclistes peuvent inscrire leur vélo avec son numéro de série, sa photo et sa description. Si le ou la cycliste réalise que son vélo a été volé, il lui suffit alors d’appuyer sur un bouton pour que le vol soit signalé aux autres utilisateurs et utilisatrices et que la photo et la description du vélo soient diffusées.

L’application permet aussi à quiconque souhaitant acheter un vélo de vérifier s’il a été signalé comme volé. Garage 529 fournit un collant de son logo afin que ses utilisateurs et utilisatrices le collent à leurs vélos pour dissuader de potentiel(le)s voleurs et voleuses.

Une efficacité prouvée

À Vancouver, les vols de vélos ont chuté de 40 % depuis le lancement de l’application sur le territoire en 2015, selon le site de Garage 529. Dans cette ville, près de 61 000 vélos sont enregistrés sur l’application, et 642 vélos ont été rendus à leur propriétaire depuis 2015. « Plutôt que de dépendre de l’aide du service de police, Garage 529 facilite une entraide citoyenne », souligne Steve Girard.

Au moment de la publication de cet article, 5330 cyclistes ont inscrit leur vélo sur Garage 529 à Montréal, sur un objectif de 10 000 en 2021. Selon Steve Girard, plus les cyclistes s’inscrivent à l’application, plus les chances de retrouver un vélo signalé sont élevées.

Maude Turcotte s’est acheté un nouveau vélo à l’été 2020, et l’a enregistré sur la plateforme Garage 529 après en avoir appris l’existence sur un groupe Facebook dédié aux informations concernant les vols de vélo. L’étudiante ne peut pas savoir si elle se fera voler son vélo à nouveau, mais elle juge avoir plus de chances de le retrouver si ça devait arriver. « C’est une façon d’avoir mes propres arrières », ajoute-t-elle.

La revente de vélos usagés

D’après les données du SPVM, 90 % des vélos volés sont revendus. Steve Girard précise que c’est sur les sites de revente comme Kijiji et Marketplace qu’ils finissent le plus souvent. Ils y sont souvent affichés à une fraction de leur prix d’achat, rendant l’offre alléchante pour d’éventuel(le)s acheteurs et acheteuses. « Des vélos à 300 $ sont revendus à 75 $ ou 100 $, et j’ai vu des vélos qui valent 3000 $ affichés à 1500 $ sur des sites de revente », explique-t-il.

M. Girard ajoute qu’un acheteur ou une acheteuse potentiel(le) a le droit de demander une facture d’origine afin de s’informer sur la provenance du vélo qu’il ou elle achète, et s’assurer qu’il est de provenance légale.

Pour les cyclistes qui souhaitent se protéger contre les vols de vélos, Steve Girard offre quelques astuces. Il affirme d’abord qu’il est essentiel d’avoir un câble antivol de qualité, et surtout, de l’utiliser. L’agent du SPVM insiste aussi sur l’importance de barrer son vélo dans les endroits les plus passants et éclairés possibles, et de redoubler de prudence dans les secteurs à risque pour les vols de vélos, c’est-à-dire le centre-ville, le Plateau Mont-Royal et Côte-des-Neiges.

Il rappelle toutefois aux cyclistes que la meilleure façon de se protéger contre les vols est de télécharger l’application Garage 529. ​​« De cette façon, vous mettez vraiment toutes les chances de votre côté​​ », conclut-il.

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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