Une connexion avec la culture autochtone

De plus en plus de créateurs et de créatrices de contenu autochtones se tournent vers les plateformes socionumériques pour éduquer, partager leur culture et représenter positivement leur communauté.

« J’ai commencé à utiliser TikTok vers la fin de 2019. Je ne voyais pas autant d’autochtones comparativement à aujourd’hui. Je trouve que cela a évolué, et c’est tant mieux », témoigne l’animatrice culturelle inuk Isabelle Chapadeau, qui est suivie par plus de 43 000 personnes. Elle raconte que la plateforme lui offre l’opportunité de montrer davantage sa culture inuite aux autres. Par exemple, Mme Chapadeau a publié une vidéo où elle enseigne des mots en inuktitut à son auditoire. Pour elle, TikTok est « un endroit qui rassemble et qui permet d’être connecté à sa culture » tout en étant une plateforme qui la divertit.

Quant à la photographe et éducatrice de la nation navajo des États-Unis Charlie Amáyá Scott, elle utilise plutôt ses comptes Instagram et TikTok pour éduquer et sensibiliser ses 81 300 abonné(e)s aux causes qui lui tiennent à cœur. « Mon contenu se concentre sur comment est-ce d’être queer, trans et autochtone. J’aime prendre les sujets qui sont d’actualité sur les réseaux sociaux et leur donner une touche autochtone pour souligner les enjeux qui nous touchent », explique-t-elle. 

Non seulement les médias sociaux ont un caractère éducatif, mais ils servent aussi d’exutoire, ce qui est le cas pour l’influenceuse crie Delainee Antoine-Tootoosis. « Les réseaux sociaux me permettent d’utiliser ma voix pour aider les autres. Puisque je souffre d’anxiété, je trouve ça difficile de parler aux autres en vrai. Je me tourne vers les médias sociaux lorsque je n’ai nulle part où aller pour m’exprimer », confie celle qui est très active sur Instagram. 

Le revers des réseaux sociaux

« Puisque les réseaux sociaux sont un reflet de notre société, je sais que ça peut être un espace violent. Le monde peut être cruel pour les gens marginalisés », souligne Charlie Amáyá Scott. 

Selon elle, l’un des défis d’être une créatrice de contenu autochtone dans un espace où « les personnes blanches sont surreprésentées » est de défier les stéréotypes qui circulent au sujet des personnes autochtones. « Si on regarde le contenu qui a le plus de [mentions] j’aime et le plus de commentaires, c’est souvent celui où nous intégrons des éléments folkloriques et culturels comme la regalia, par exemple », décrit-elle. La regalia est un habit traditionnel qui est porté lors de cérémonies telles que le pow-wow. 

Delainee Antoine Tootoosis a été confrontée au « racisme et à l’ignorance  » de la part de certaines personnes non-autochtones sur le Web, notamment en ce qui a trait à l’histoire coloniale du Canada. Elle a vécu des expériences désagréables avec des utilisateurs et des utilisatrices également issu(e)s de communautés autochtones qui « ne tenaient pas à cœur les intérêts des communautés ». D’après elle, les créateurs et les créatrices de contenu autochtones détiennent le rôle de « porter » leur communauté en tout temps, soit en prenant des décisions qui sont bénéfiques collectivement  sur les réseaux sociaux.

Le partage et la solidarité

Les médias socionumériques sont des outils essentiellement bénéfiques pour les créatrices de contenu interrogées par le Montréal Campus.

« La plupart de mon auditoire autochtone ne vit plus sur la réserve. Ils et elles apprécient beaucoup mes vlogues, car ça les fait sentir comme chez eux. J’adore partager mes expériences avec mon auditoire », raconte la youtubeuse navajo Sierra Johnson, qui publie des vidéos sur son quotidien et sur des recettes typiques qu’elle concocte. Elle reçoit aussi des réactions venant de personnes allochtones qui témoignent de leur amour pour sa culture et sa façon de vivre sur la réserve.  

Les médias sociaux sont un moyen inestimable pour se rapprocher de sa culture, mais ils permettent aussi de créer des liens forts avec les autres. Mme Antoine-Tootoosis raconte que « malgré les quelques expériences négatives, je reçois la plupart du temps des réactions positives lorsque je publie du contenu sur les réseaux sociaux. » Elle ajoute que «parfois, je reçois des messages de personnes autochtones et non-autochtones qui me disent que je les ai aidées. » Lieux de réconfort, les réseaux sociaux réussissent à créer un effet de solidarité à travers le partage.

Mention photo : Édouard Desroches

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