Présenté en exclusivité au cinéma du Parc à partir du 26 mars, le deuxième long-métrage de Jesse Noah Klein, Comme une maison en feu, pose un regard sensible et nuancé sur le retour d’une femme dans la vie qu’elle a abandonnée deux ans auparavant.
Le film s’ouvre sur une crise de panique de Dara (Sarah Jude Sutherland), protagoniste de l’œuvre. Elle s’apprête à revoir son conjoint Danny et leur fille Isabel après les avoir abandonnés. Inconsciente des ravages qu’elle a pu causer par son départ, elle espère retrouver sa vie telle qu’elle était avant. Sa désillusion est frappante quand elle se rend compte que ce n‘est pas le cas.
Au fil des interactions avec sa famille, elle réalise que la vie qu’elle est venue retrouver lui est étrangère. Elle retrouve sa fille grandie et la femme de son mari enceinte de sept mois. Par ce fait, le film oppose l’accueil espéré par Dara et la réalité, une famille blessée par son départ.
Les dialogues sont nourris par les non-dits plutôt que par la colère qui pourrait habiter chacun des personnages dans une telle situation. Tout en délicatesse, le film trouve son rythme à travers les plans simplistes, par moments rapprochés, par moments vacillants.
Le talent des acteurs et des actrices est à l’avant-plan, car, dans cette approche anti-spectaculaire, la gamme d’émotions que traverse chacun des personnages n’est que plus perceptible. Le public est confronté aux craintes de Dara avec succès. Sans jamais détourner le regard, la caméra suit celle-ci dans ses inquiétudes et ses espérances.
Une production canadienne anglophone
Lors de l’écriture du scénario, le réalisateur revient lui-même au Canada, six ans après son expatriation aux États-Unis. « Les difficultés de Dara à reconnecter avec sa famille et à confronter son passé étaient aussi au premier plan de ce que je vivais à l’époque », explique Jesse Noah Klein en entrevue avec le Montréal Campus.
Pour son deuxième film, la production québécoise-ontarienne compte plusieurs artistes de la Belle Province, avec en prime Hubert Lenoir dans un rôle secondaire, qui signe son premier rôle au grand écran. Alors que les cinémas anglophone et francophone forment bien souvent deux industries distinctes, le réalisateur souligne ne pas avoir songé à la langue lors de son choix. Alors qu’il développait encore le personnage, il pense au chanteur francophone puisqu’il écoutait son album à l’époque.
Dara, point central du film
Le film ne retrace jamais les deux années d’exil de Dara, ni la pluralité des raisons qui l’ont poussé à fuir les siens. Un choix mûrement réfléchi par le scénariste Jesse Noah Klein et l’actrice de Dara, Sarah Sutherland, pour mettre de l’avant l’étendue du cheminement personnel du personnage.
Un monologue de Dara explique la peur liée à sa fuite : envahie par les responsabilités familiales, elle peine à respirer. Un état de panique qui évoque celui de la première scène alors qu’elle s’apprête à retrouver sa vie après toutes ces années. Cette peur est liée à sa relation avec sa mère qui l’a quittée jeune sans jamais revenir. Ce lien maternel est utilisé comme miroir de la relation présente entre Dara et Isabel.
En dépit du manque de contexte du personnage, le jeu de l’actrice Sarah Sutherland est empreint de nuance, de complexité et d’empathie. Une décision judicieuse de la part du réalisateur qui a remarqué l’actrice dans la série comique Veep. « Sarah Sutherland a fait des choix artistiques qui m’ont parfois surpris et parfois étonné », explique Jesse Klein, indéniablement en admiration devant le travail de l’actrice.
Avec la performance de Sarah Sutherland comme point d’ancrage, le film d’une heure vingt minutes témoigne de manière authentique la force subtile d’une femme qui apprend encore à se maintenir à flot et à être quelqu’un sur qui son entourage peut compter. Être aux premières loges de ce difficile apprentissage peut être douloureux, mais le public en ressort, au final, rempli d’espoir.
Mention photo Entract Films
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