Alors que les négociations entre le gouvernement et ses employés piétinent, les réflexions sur l’éducation, elles, vont bon train. La question de l’austérité fait toujours jaser, plus précisément sur ses impacts dans le secteur de l’éducation. L’Esprit Libre propose ses réflexions.
Lumières tamisées, tables de bois massives et œuvres d’art aux murs. C’est dans une ambiance conviviale que s’est déroulée, le 25 novembre à la Station Ho.st, la soirée de discussion mensuelle organisée par la revue l’Esprit Libre, en collaboration avec le Centre étudiant de recherche et d’action nationale.
Animée par David Gascon, étudiant en enseignement à l’UQAM, la soirée a été une symphonie en quatre parties. Alexandre Beaupré-Lavallé, chargé d’enseignement à l’Université de Montréal, a proposé une réflexion claire et concise. « Mon point pourrait se résumer en 40 secondes, a-t-il annoncé. Les mesures d’austérité ayant cours présentement préparent la prochaine génération de décrocheurs, en 2025, et mettent la table à l’augmentation des inégalités sociales, notamment à Montréal.» Le ton était donné. C’est avec un humour désabusé qu’Alexandre Beaupré-Lavallé a enchaîné sur l’équité des chances – ou l’iniquité, selon la situation.
Fanny Theurillat-Cloutier, professeure de sociologie au Cégep Marie-Victorin, s’est exprimée sur la dualité public/privé – dans le respect de l’alternance homme-femme. L’idée principale a été celle des conséquences sociales engendrées par le choix du privé, pour ceux qui en ont les moyens. «On sait que les inégalités sociales se reproduisent à travers les parents. Dans notre système actuel, cela remet fortement en question la notion d’équité des chances, a-t-elle exprimé.
Puis la sociologue d’enchaîner sur une autre dualité, celle du milieu du travail, où l’on reconnaît désormais deux types de travailleurs: «L’élite créative et innovatrice, et les emplois “bas de gamme”, de manutention ou de service à la clientèle.»
Le professeur uqamien Renald Legendre a pour sa part présenté un point de vue intéressant, puisque provenant d’une génération précédente aux deux autres intervenants. «Toutes les réformes et tous les changements qu’il y a eu dans le domaine de l’éducation n’ont absolument rien changé, a-t-il tranché.
Une idée récurrente de son discours : le «plus ça change, plus c’est pareil». Au même titre qu’un autre sujet longuement abordé, soit celui du développement global. «Je préfère appeler les enseignants des éducateurs. Il ne faut pas qu’instruire, il faut éduquer, viser le développement intégral», a-t-il rappelé à plusieurs reprises.
Étudiants, travailleurs et parents ont enchaîné questions, témoignages et réflexions sans trop de controverse, puisque la salle semblait partager une même vision de l’éducation. Cette vision, monsieur Legendre l’a très bien résumée : « Il faudrait qu’un jour, un éducateur ou une éducatrice devienne ministre de l’Éducation, pour qu’enfin on ait une vision globale du domaine, et que les investissements se fassent à profit. » On peut toujours espérer.
Photo : Caroline Chehade
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