Alors que la 18e édition des Rencontres internationales du documentaires de Montréal (RIDM) se terminait dimanche soir, plusieurs films ont ravi les honneurs, dont le populaire Homeland (Iraq year zero). Cette immersion de cinq heures et demie en Irak a remporté le grand prix de la compétition internationale longs métrages et le prix du public.
Abbas Fahdel a su à travers ce film de cinq heures et demie, divisé en deux parties, transporter le public dans une famille irakienne de la classe moyenne, la sienne.
La première partie se déroule dans l’Irak de Saddam Hussein, en 2002, quelques mois avant l’invasion américaine. Le spectateur suivra surtout l’attachant neveu d’Abbas Fahdel, Haidar. Il sera en quelque sorte le personnage principal. «Quand je suis revenu pour filmer en Irak, aussitôt Haidar s’est mis à m’appeler mon oncle, il s’est rapidement attaché à moi» explique le cinéaste franco-irakien, qui était de passage à Montréal lors de la représentation du 17 novembre, au cinéma du Parc.
La famille commencera à se préparer pour cette guerre à l’issue incertaine. Ils creusent un puits dans le jardin, accumulent les provisions ou achètent des médicaments. Ce qui surprend, c’est le calme des enfants. Oui, ils ont des questions, oui, ils s’inquiètent, mais ce n’est pas la panique. Par moment, ils arrivent même à faire des blagues.
Dans le deuxième volet, après l’invasion des Américains, Fahdel présente un Irak où les monuments sont détruits, certains bâtiments brûlés, d’autres en ruines. La colère gronde chez les Irakiens, qui doivent se soumettre à de nouvelles règles. La violence augmente, la pauvreté et les vols aussi, il y a parfois de l’électricité seulement une heure par jour. Les nièces d’Abbas Fahdel ne sortent plus, sauf pour se rendre à l’université. C’est cette accumulation de violence et de misère qui mènera à la fin du documentaire.
Le film se termine alors qu’Haidar est assassiné dans la voiture familiale. Les gens dans la salle essuient leurs larmes, Abbas Fahdel aussi. «C’est difficile, à chaque fois que je l’écoute», s’excusera-t-il. La foule l’applaudit.
Le réalisateur a expliqué que ce film aurait pu paraître il y a dix ans, mais qu’il était incapable de regarder les images, incapable de faire le montage des 120 heures qu’il avait filmées alors qu’il était en Irak avec sa famille. «C’était trop douloureux», explique-t-il.
Homeland (Iraq year zero) remet en perspective l’image que l’on peut se faire d’un pays où règne le chaos, alors qu’on a l’habitude de ne voir que ce qui passe au téléjournal.
4/5
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