Michael Mann revient sur les écrans avec le thriller informatique Blackhat, premier film du réalisateur depuis Public Enemies, sur la vie du criminel John Dillinger, sorti il y a déjà six ans. Pour Blackhat, Mann a choisi de délaisser le milieu criminel feutré de la Grande Dépression pour s’intéresser aux cybercriminels mondialisés du 21e siècle.
Lorsqu’un cyberterroriste décide d’attaquer le système informatique d’un réacteur nucléaire chinois et la bourse de Wall Street, le FBI n’a d’autre choix que de faire appel à un pirate informatique américain, Nick Hathaway (Chris Hemsworth) pour arrêter le terroriste. Emprisonné dans un centre à sécurité maximale, ce dernier accepte d’aider le FBI si on lui retire en échange sa peine d’emprisonnement.
Pour mener à bien sa mission, Nick Hathaway sera secondé par un ancien collègue d’université et capitaine dans l’armée chinoise (Leehom Wang) et par la sœur (Wei Tang) de ce dernier, experte en informatique, dont il tombera amoureux. On suit donc l’équipe dans son périple dans les ruelles sales de Hong Kong jusqu’aux dunes humides de la Malaisie.
Dès les premières minutes, on a l’impression d’être assis devant ce film d’action, de thriller et d’espionnage moralisateur qu’on a déjà vu trop de fois «On doit collaborer pour réussir notre mission», vous voyez le genre ?. Et que dire des dialogues inutiles qui sortent de la bouche des acteurs qui sont aussi charismatiques que des robots. Le film est trop long et le montage, mal dosé, affecte le rythme de ce dernier à tel point qu’il est impossible de reconnaître la signature du réalisateur.
On ne comprend pas non plus le choix de Mann d’utiliser des caméras HD pour filmer certaines séquences. Le réalisateur avait déjà vanté dans le passé (et avec raison) les qualités de ces caméras dans les basses lumières. Il suffit de visionner son film Collateral pour s’en convaincre. Dans le cas de Blackhat, l’intrigue est trop classique pour que l’esthétique nerveuse d’un boîtier d’appareil photo soit efficace. Avec un budget de près de 70 millions de dollars, il aurait été préférable de supprimer une destination exotique du scénario et d’investir dans de meilleures caméras.
Sur le plan des thèmes, le film s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de Mann, qui s’est intéressé, dans la plupart de ses films, à montrer la profession des personnages qu’il met en scène, que ce soit un voleur de banque (Thief, Heat, Public Enemies), un sportif (Ali) ou un policier (Manhunter, Miami Vice). On reconnaît aussi le style du réalisateur dans sa manière de filmer la nuit et la ville sans lumière artificielle.
Avec une chevelure léchée, le torse bombé et le faciès sans expression, Chris Hemsworth n’est tout simplement pas crédible dans son rôle de hacker. Heureusement, l’interprète de Thor est présent à l’écran lors de la meilleure scène du film, qui vient dès les premières minutes, où on le voit sortir de prison. Le temps se fige. Son visage filmé de profil en grand-angle se mêle aux palmiers hors champ. Puis, la caméra qui montre son point de vue sur l’horizon. Le rythme ralentit. À cet instant, on y croit. Faux espoir. Après les mauvais Miami Vice et Public Enemies, on s’attendait au grand retour de Michael Mann. Ce ne sera pas cette fois-ci.
1,5/5
Blackhat, Michael Mann, États-Unis, 113 minutes, sorti le 15 janvier.
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