Il y a de ces artistes qui débarquent dans le paysage musical sans crier gare. C’est un peu le cas de Bernhari, qui sortait à la fin de l’été un premier album éponyme après deux tentatives dans d’obscurs groupes dont on a perdu la trace. Bernhari, c’est le nom de scène d’un certain Alexandre Leclerc-Bernier, artisan pop-rock nouvellement signé chez Audiogram qui a pour fond de commerce un mystère planant autour de sa personne, de son nom et de son origine. Mystère qui transpire même jusque dans la musique éthérée, planante, parfois rock, parfois pop de l’artiste montréalais qui chante avec un accent à la Jacques Brel. Khruchkova, premier morceau issu de l’album, sortait au printemps dernier et créait un semblant d’effervescence sur les radios montréalaises avec ses riffs poignants et ses arrangements efficaces signés Emmanuel Ethier (qui a travaillé avec Jimmy Hunt et Peter Peter). L’album a le même goût que le single: cohérent, accrocheur, mélancolique, musicalement inspiré. À la place d’un album, c’est un peu un long récit aux thèmes flous mais identifiables que nous donne ici Bernhari. Les communiqués de presse, eux, veulent que le projet soit un cocktail créatif entre la fierté du musicien lors du Printemps érable et la rencontre d’une étrange femme durant celui-ci; si l’idée a quelque chose de romantique, les textes ne sont certes pas la plus grande prouesse poétique qu’ait connu la musique cette année (Je l’ai rencontrée dans l’autobusElle m’a demandé si j’étais russeElle avait des airs de musicienneElle semblait tombée du ciel, sur la chanson Astérie). Mais passons. Prenons cet album comme ce qu’il est: une douce ballade dans l’univers shoegaze d’un artiste bien accompagné. Bernhari nous fait traverser son monde sans nous lâcher la main un seul instant, et il est difficile de ne pas avoir été touché par l’effort une fois rendus de l’autre côté.
3,5/5
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