Après avoir rangé pancartes et casseroles, les associations étudiantes retrouvent leurs coffres presque vides, les contraignant à des prévisions budgétaires austères.
L’heure est aux bilans financiers pour les associations étudiantes de l’UQAM. Après avoir de nombreuses fois mis la main à la poche pour financer leurs actions de mobilisation, leurs tirelires sont désormais à sec. À la veille du Sommet sur l’enseignement supérieur, certaines d’entre elles sont aux prises avec un important déficit. La menace d’un nouveau mouvement de protestation plane et les coffres ne seront pas renfloués de sitôt.
Une des associations les plus militantes de l’UQAM au cours du printemps étudiant, l’Association des étudiants de science politique et de droit (AFESPED), a beaucoup investi dans la participation de ses membres. «On ne pourrait pas absorber une autre grève», tranche son coordonnateur général, Daniel Crespo, catégorique. Avec près de 30 000 $ en frais de mobilisation, de location d’autobus, d’impression et d’autres dépenses spontanées, l’association s’est retrouvée avec un déficit de 67 473 $ pour l’année fiscale 2011-2012.
En date du 30 avril dernier, les frais de mobilisation représentaient près du tiers des dépenses de l’association. «Ça nous a pris par surprise, on a dépensé plus qu’on aurait cru», admet Daniel Crespo. L’AFESPED ne peut plus se permettre des dépenses supplémentaires grâce à une encaisse – un coussin budgétaire – importante. L’asso avait pourtant pris des mesures en prévision du coût élevé de la grève. Le 15 septembre 2011, l’AFESPED a fait passer la cotisation étudiante de 15 $ à 19 $ par session afin d’absorber les dépenses supplémentaires. Cette augmentation devait procurer un revenu de 15 000 $ additionnels à l’association, soit un revenu suffisant pour combler le déficit envisagé.
L’Association facultaire des étudiants en arts (AFEA) a elle aussi payé le prix de la mobilisation. Elle se retrouve avec un déficit de 71 302 $, soit près de 23 000 $ de plus que le déficit envisagé dont 13 000 $ est directement relié à la mobilisation. La session d’été annulée a également coupé les vivres de l’association étudiante. «À l’AFEA, il y a un manque à gagner cette année de près de 10 000 $ en ce qui a trait aux cotisations estivales, peut-on lire dans leurs prévisions budgétaires de l’année 2012-2013. Les dépenses prévues cette année ont été réduites au minimum. Elles n’assurent que le fonctionnement “normal“ de l’association.» Celle-ci a fait passer la cotisation étudiante de 19 $ à 20,50 $ par session pour payer son affiliation à l’ASSE, soit 1,50 $ de plus par étudiant.
Les associations étudiantes de l’UQAM se retrouvent dans une situation précaire alors que leur encaisse s’est évaporée. «Sans encaisse, toute organisation peut faire face à de sérieuses difficultés financières», avance le professeur en comptabilité, Jean-Paul Lauly. Son collègue, le professeur Marc Chabot, se fait plus rassurant. «Ce n’est pas alarmant si l’encaisse a disparu. Ce qui serait plus préoccupant, ce serait que l’association ait des dettes vis-à-vis des créanciers», nuance-t-il.
De leur côté, les associations nationales ne se disent pas dans le rouge. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a pris des précautions pour éviter le déficit. «La grève de 2005 nous a coûté cher, alors cette fois nous avons surveillé de près nos dépenses, affirme la présidente de la FEUQ Martine Desjardins. Heureusement, parce que ça a duré plus longtemps que prévu!» Comme ses associations membres, la FEUQ possède un fonds monétaire réservé aux campagnes, et sa présidente assure qu’il est toujours bien rempli. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) n’avait toujours pas rappelé le Montréal Campus à la publication de cet article.
La tête hors de l’eau
Du côté de l’Association des étudiants en langues et communication (AFELC), la mobilisation a été moins importante, et les dépenses conséquemment plus faibles. L’association qui regroupe près de 4 000 membres a néanmoins alloué près de 30 000 $ de son budget à la grève, dont 8 600 $ ont été ajoutés au cours de la mobilisation. Contrairement à leurs collègues de science politique et de droit, les étudiants de langues et communication ont terminé l’année avec un surplus de 32 347 $ dans leurs coffres. Si l’AFELC s’en est aussi bien tiré, c’est grâce à un surplus monétaire accumulé qui est automatiquement réinvesti dans le budget de l’année suivante. L’AFELC exige aussi la plus importante cotisation, soit 23 $ par session. Cette dernière n’a toutefois pas augmentée en prévision de la grève.
La mobilisation du printemps dernier a empêché la tenue de plusieurs activités annuelles de l’association, ce qui a diminué les dépenses, explique la conseillère spéciale à l’AFELC Maya Almeida-Dutilly. «On a toutefois connu une baisse d’inscriptions, ajoute-t-elle. Il n’y a pas eu de session d’été cette année. Ça a eu un gros impact sur les cotisations étudiantes.»
L’association des étudiants de la faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), du secteur des sciences (AESS) et des sciences humaines (AFESH), n’avaient toujours pas fait valider leurs bilans financiers par leurs membres au moment de publier cet article.
Illustration: Emilye Drapeau
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