Les forces policières présentes aux manifestations anti-G7, tenues en juin à Québec, ont « failli à leurs obligations de protéger et de garantir l’exercice de la liberté d’expression et de réunion pacifique », véhiculant au passage « un climat de peur et d’intimidation », conclut un rapport dévoilé mercredi par la Ligue des droits et libertés (LDL) et Amnistie internationale.
En plus de déplorer l’utilisation par les forces de l’ordre de « méthodes de confinement de manifestations », les deux organismes — présents en tant qu’observateurs tout au long des trois jours de protestations — dénoncent le recours excessif à des « fusils d’assaut et à des arrestations ciblées ».
« Tous ces éléments, des tactiques jusqu’au mouvement pré-G7, en passant par l’équipement anti-émeutes, ont eu pour effet de discréditer l’exercice du droit de manifester et d’avoir un effet dissuasif », a observé l’une des auteures du rapport et porte-parole d’Amnistie internationale, Geneviève Paul, dans le cadre d’une conférence de presse à la Maison du développement durable, mercredi matin.
Face à des foules plus petites qu’elles attendaient, les autorités ont envoyé sur le terrain « un dispositif policier complètement disproportionné », selon Mme Paul. « Il n’y a eu aucune réduction des effectifs le 8 et le 9 juin, alors qu’après la première manifestation, il était devenu évident que les manifestants ne seraient pas plus que quelques centaines de personnes », a affirmé Mme Paul.
« On a estimé que l’effectif policier était minimalement deux, voire trois fois plus élevé que le nombre de manifestants », a-t-elle poursuivi.
L’encadrement des manifestants après arrestation et la gestion des médias ont également franchi des limites, selon les auteures.
Constat alarmant
« Il faut donc s’inquiéter vivement que les autorités aient dressé un bilan positif des mesures de sécurité mises en place pour le Sommet du G7 de 2018 », peut-on lire dans le document.
« Je ne suis pas dans la tête des dirigeants et des dirigeantes, mais je pense que si on a investi des sommes énormes pour assurer la sécurité, on a besoin de le justifier », s’est insurgé Nicole Fillion, de la LDL.
À la suite de leurs observations et pour contrevenir à des épisodes de ce genre dans le futur, la LDL et Amnistie internationale ont émis 17 recommandations.
Plus précisément, le dossier exige que les policiers présents lors de rassemblements « veillent à arborer de manière visible leur numéro de matricule en toutes circonstances ». La Ville de Québec devrait aussi « abroge[r] les dispositions portant sur l’itinéraire » des manifestants, demande-t-on.
S’adressant directement au Directeur des poursuites criminelles et pénales, le rapport recommande la révision des dossiers d’arrestations effectués durant la fin de semaine, afin de potentiellement « retire[r] les accusations contre les personnes victimes de violations de leurs droits constitutionnels lors des événements entourant le G7 ».
Les auteures de l’étude interpellent d’ailleurs les chefs de parti impliqués dans la campagne électorale provinciale à « réaffirmer le droit de manifester ». « C’est simple, mais ça serait une réponse à ce qui s’est fait à Québec », a soutenu Nicole Fillion.
Le Sommet du G7, qui a pris place à La Malbaie, a engendré trois jours de manifestations. Plus de 1000 policiers auraient été déployés contre quelques centaines de manifestants.
photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
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