La perfection, un poids qui m’écrase

La bête qu’est l’anxiété de performance m’est encore bien difficile à apprivoiser. Parfois, je crois l’avoir partiellement domptée et hop, elle se remet à s’activer frénétiquement tel un hamster hyperactif dans sa roulette!

« Tu dois t’impliquer dans la vie universitaire. » « Tu dois avoir une bonne cote Z. » « Tu dois gagner la course aux stages. » Ces phrases reflètent à quel point la performance est exigée, voire valorisée, dans mon entourage.

J’ai l’impression que la société récompense le succès et louange la perfection. Peu de gens se font applaudir pour leur persévérance. La phrase « l’important, c’est de participer » est d’ailleurs associée aux perdant(e)s.

Je me fais souvent demander : « Est-ce que ça va bien pour l’instant à l’école? » Je sais qu’en posant cette question, mon entourage fait référence à mes résultats scolaires. Pour moi, ça renforce l’idée qu’« aller bien à l’école » signifie avoir de bonnes notes. Ainsi, inconsciemment, celles-ci définissent mon humeur.

Nécessité d’être parfaite

Même si mon besoin d’être « parfaite » s’est intensifié à l’université, dès mon enfance, je sentais que je devais réussir à tout prix.

J’étais trop jeune pour le constater moi-même, mais on m’a toujours dit que la plupart des apprentissages étaient pénibles, du laçage de mes souliers jusqu’au vélo à deux roues. Ce n’était pas par manque d’intérêt. Au contraire, j’étais très curieuse et je voulais faire comme les grand(e)s. Ce qui rendait tout laborieux, c’est plutôt que j’avais une peur bleue de l’échec. Je préférais ne rien essayer plutôt que de risquer de ne pas réussir du premier coup!

Tôt dans mon parcours scolaire, j’ai remarqué un système où la performance était valorisée. Ce besoin d’exceller a d’ailleurs été amplifié par les autocollants apposés par les professeur(e)s sur mes copies d’examen. Si j’avais un « A », un beau gros autocollant brillant m’attendait. Mais, si j’avais un « B », ou pire un « C », c’était une tout autre histoire.

Prenons un exemple bien banal :  les fameux « Cubes énergie » du Grand défi Pierre Lavoie à l’école primaire. Nous étions en rivalité avec les autres écoles et entre élèves d’une même classe aussi. Le but : avoir le plus de cubes « barbouillés ».

Non, évidemment, je n’ai pas pu faire 27 heures d’exercice physique un dimanche. Mais, ce n’était pas grave, je n’hésitais pas à me dessiner quelques cubes supplémentaires. L’important était de gagner coûte que coûte.

Malsain

Peu importe mon âge, j’ai toujours ressenti le besoin malsain de comparer mes résultats. Je veux savoir qui a moins bien réussi et quelle est ma position par rapport à autrui. Est-ce que je peux vraiment m’en vouloir quand le principe même de la cote R au cégep est de nous donner une note en fonction de celle des autres?

L’anxiété de performance, omniprésente dans le milieu scolaire, s’immisce aussi dans ma vie personnelle. Beaucoup de gens comme moi ressentent le besoin d’exceller sur les réseaux sociaux.

Sur Instagram, plusieurs personnes vantent leurs réussites. Elles mettent comme légende « I did it » ou « Je l’ai fait ». C’est à se demander si elles l’ont fait pour elles-mêmes ou pour les autres. C’est une manière, selon moi, d’avoir l’approbation de ses pairs. C’est satisfaisant de voir des « j’aime » s’accumuler sous ses publications, mais ce bonheur n’est qu’éphémère.

Je trouve difficile de ne pas me laisser emporter par le flot des accomplissements de mes ami(e)s. La vague est immense, sinon immonde. En fait, elle m’inonde. C’est impossible de ne pas crouler sous cette pression.

J’ai l’impression de constamment jouer un rôle dans ce théâtre qu’est ma vie. La perfection devient un standard. Je ne suis jamais satisfaite.

À force de courir après la perfection, j’ai fini comme un hamster : incapable d’arrêter la roue. Aujourd’hui, je réalise qu’il est temps de sortir de ce cercle  vicieux et de reprendre le contrôle.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *