L’industrie de la baladodiffusion se transforme peu à peu et fait face à plusieurs enjeux. Dans les dernières années, les balados ont su se faire une place dans le quotidien de milliers de personnes.
« [Un balado], ça me fait sentir moins seule, dans les moments où je suis seule, donc le temps passe plus vite », dit Myriam Pelletier, étudiante en théâtre à l’UQAM.
Le principal enjeu pour les créateurs et créatrices de balados est la découvrabilité. La membre du Groupe de recherche sur l’industrie de l’humour et de l’Observatoire de l’humour Marie-Claude Savoie explique que, même en faisant de la promotion de contenu par l’entremise des médias sociaux, rien ne garantit leur succès.
Comme beaucoup de Québécois(es), Myriam est une adepte de balados. Bien que le concept de baladodiffusion ne soit pas nouveau, ceux-ci sont de plus en plus populaires. Aujourd’hui, ce médium fait partie de la routine quotidienne de plusieurs.
Le succès dans l’industrie
Bien que l’enjeu de la visibilité touche la majorité des créateurs et créatrices de balados, il a particulièrement un effet sur les créateurs et créatrices indépendant(e)s, qui, en plus d’être responsables de l’entièreté du processus de création de leur balado, doivent faire énormément de promotion.
Emna Achour est coanimatrice de deux balados : Les Ficelles et Farouches. Les Ficelles est associé à Pivot, un média indépendant. « C’est beaucoup de travail, mais, [avec le soutien de Pivot], tout ce que j’ai à faire, c’est écrire ma chronique et faire un peu de promotion sur les réseaux sociaux », raconte-t-elle.
« Avec mon balado Farouches, c’est moi qui porte tous les chapeaux », poursuit-elle. En plus d’écrire ses scénarios et de s’occuper de toutes les étapes de la production du balado, de l’enregistrement à la publication, elle doit également promouvoir son balado en publiant les extraits les plus sensationnels de chaque épisode sur les réseaux sociaux.
Cependant, Julien Morissette, directeur artistique de la compagnie de production de balados Transistor, soutient qu’il est plus facile pour les créateurs et créatrices de balados de trouver du succès aujourd’hui, comme les gens ont développé l’habitude d’en écouter en accomplissant leurs tâches quotidiennes.
C’est le cas de l’étudiante Myriam Pelletier. « J’écoute un balado sur le chemin de l’école, j’écoute un balado quand je fais mon ménage », témoigne-t-elle.
Loin de la saturation
« En 2023, j’ai recensé les balados créés par des humoristes en français. J’en ai compté quasiment 170 sur une période de 10-15 ans, mais la majorité était après 2017 », affirme Marie-Claude Savoie.
Malgré le volume élevé de balados disponibles sur les plateformes d’écoute, Marie-Claude Savoie ne pense pas que le marché est saturé. « La durée de vie d’un balado est d’environ un an et demi. Il y a un bon roulement », ajoute-t-elle. Cependant, elle confirme que certains genres de balados disponibles sur le marché québécois sont sous-représentés.
« Il y a une bonne représentation d’humoristes et d’influenceurs, mais il y a encore beaucoup de place pour tout ce qui est documentaire, mise en récit, fiction. […] Des approches qui ont des auditoires moins garantis, mais pour lesquelles les gens ont quand même soif », lance Julien Morissette.
La réglementation des balados
La popularisation du balado a également été une porte d’entrée pour des contenus proliférants des fausses nouvelles et des discours haineux. Marie-Claude Savoie est d’avis que, malgré ce problème, l’industrie de la baladodiffusion ne devrait pas être réglementée. « Le balado est fait de façon indépendante, c’est un média à contre-courant, l’aspect de liberté est très important », avance-t-elle.
De leur côté, les boîtes de production de balados réglementent souvent les contenus des créateurs et des créatrices qu’elles appuient. Pour combattre ces enjeux, Julien Morissette révèle que la compagnie Transistor s’assure que les contenus qu’elle produit ne propagent pas de haine et présentent des informations véridiques.
Même s’il est difficile de réglementer les balados, Emna Achour pense que la meilleure façon de s’opposer aux contenus haineux est d’« encourager et soutenir des balados bienveillants, des balados qui ne chient pas sur des groupes marginalisés, des balados autoproduits, aussi, par des artistes indépendants ».
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