Le souverainisme à l’allure numérique 

Un vent de renouveau souffle sur le mouvement souverainiste québécois, avec la jeunesse comme porte-parole du changement. La question indépendantiste resurgit dans le débat et « elle n’a jamais été plus nécessaire », d’après le député de Québec solidaire Sol Zanetti.

Dans les années suivant la défaite du « oui » au  référendum de 1995, une « dépression souverainiste collective » s’est installée au cœur du Québec, selon M. Zanetti.

Aujourd’hui, l’enthousiasme pour un pays libre renaît de ses cendres, particulièrement chez la jeunesse québécoise. « Il y a une remontée. On n’en parlait pas il y a dix ans », indique le coprésident du Comité souverainiste de l’UQAM (COSUQAM), Julien Mei .

Pour M. Zanetti, les jeunes éprouvent cette volonté de changer le système politique pour l’avenir de l’humanité. Le Québec souverain se présente comme une occasion de réaliser cette volonté.

L’influence du web

D’après la responsable des communications au Forum jeunesse du Bloc québécois, Katrina Archambault, les réseaux sociaux et la culture numérique permettent de lever le « tabou » laissé depuis 1995 et de normaliser le souverainisme.

Cette nouvelle approche rend la rhétorique souverainiste plus accessible et mieux vulgarisée, notamment grâce aux mèmes. Pour la créatrice de la page Instagram affirmations.qc.cité, Virginie, lorsqu’elle évoque l’indépendance, son objectif à long terme est d’influencer l’opinion de ses abonné(e)s. 

Cependant, à court terme, « c’est vraiment pour valoriser notre culture, puis un peu notre héritage historique », illustre-t-elle. 

Selon Mme Archambault, la musique joue aussi un rôle important comme porte d’entrée vers le mouvement. 

Parmi tant d’autres, Kinji00, un rappeur souverainiste gatinois, diffuse un discours indépendantiste à travers ses chansons. Ses paroles rejoignent à la fois des jeunes souverainistes, mais aussi les indécis(e)s.

Son principal collaborateur à la réalisation, Lb66, affirme que c’est en sortant le souverainisme de « ce cercle d’intellectuels» et en utilisant une approche authentique qu’ils ont pu « convertir » quelques personnes à l’indépendantisme. 

Pour M. Mei, des personnalités du Web, comme Kinji00, peuvent toucher un public plus large, que les politicien(ne)s auraient de la difficulté à rejoindre. « Il faut que cette vision soit détachée des individus qui la portent et qu’il y ait plusieurs personnes qui la portent », explique-t-il.

Diversifier le mouvement

Cette nouvelle génération, n’ayant pas vécu le référendum de 1995, est moins interpellée par l’ancien discours indépendantiste : « On n’a plus ça en tête, comme ce rattachement à la souveraineté et à ce discours du nationalisme ethnique », souligne le coprésident du COSUQAM, Anthony Gagné.

« C’est rendu plus un mouvement interculturel. Ça veut dire que c’est dans toutes les cultures, on les met ensemble, on crée une culture qui est la culture québécoise », explique Kinji00.

Selon M. Zanetti, la question d’inclusion est l’un des enjeux qui divisent le plus le mouvement. Il estime qu’il ne serait pas possible d’aller chercher une majorité si on n’inclut pas des personnes qui ne sont pas nées au Québec.

« Les jeunes sont plus inclusifs. La renaissance du mouvement souverainiste chez [eux] se fait à travers une prise politique d’inclusion et d’intégration », estime Sol Zanetti

À quand 2030 ?

Selon le plus récent sondage Léger, 33 % des Québécois(e)s voteraient pour l’indépendance. Pour M. Mei, bien que ce chiffre peut sembler faible, il s’explique par le climat actuel de « peur » lié à la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Quant à M. Gagné, il indique qu’avant le référendum de 1995, les résultats aux sondages étaient similaires à ceux d’aujourd’hui. Il ajoute que c’est pour cette raison « qu’il ne faut pas perdre espoir » et estime que l’année 2030 pourrait marquer la naissance d’un pays.

M. Mei juge que le dernier référendum remonte à trop longtemps. Selon lui,  la génération Z, les millénariaux et une partie de la génération X, qui représentent une grande partie de la population, n’ont pas eu la chance de se prononcer sur le sujet.

« Je pense qu’on est dus pour un référendum », dit M. Mei.

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