Des os, du sang, des cadavres, des histoires macabres : les crimes réels fascinent de nombreuses personnes. Certain(e)s s’intéressent aux victimes, d’autres, pour leur part, ont une fascination pour les coupables.
« Les criminels qui attirent le plus d’attention, c’est souvent ceux qui paraissent le mieux, comme Ted Bundy », considère Jessica Giroux, coanimatrice du balado Crimes & Cocktails, qui parle de crimes réels. Selon elle, le charisme joue un rôle dans la glorification de certain(e)s tueurs et tueuses en série.
Elle croit que « certaines personnes compatissent avec ce que l’assassin(e) a vécu durant son enfance et en viennent à excuser ses actes ».
« Quand ça devient de l’amour ou de l’admiration, c’est dangereux, parce qu’on n’est pas juste dans l’empathie, on est aussi dans la sympathie. On cherche à justifier ce que la personne a fait », estime Sebastian Cervantes, criminologue à l’institut psychiatrique Douglas.
S’éduquer avec les balados
L’uqamienne Mégane Lavoie-Mercier adore écouter Au parloir, animé par l’humoriste Cédric Bergeron, qui aborde le milieu carcéral. Ce balado lui permet d’avoir accès à une réalité autre, étant donné que les invité(e)s de M. Bergeron ont fait de la prison.
D’après M. Cervantes, les gens sont attirés par les histoires de crimes réels, parce que c’est une façon de « sortir de leur quotidien » et d’être en contact avec l’inhabituel.
Dans les balados que Mégane écoute, la parole est surtout donnée aux criminel(le)s. Elle aime comprendre et penser qu’ils et elles ne se définissent pas seulement par leur(s) crime(s).
« Je n’excuse pas et je ne pardonne pas [les actes commis], mais j’en viens à mieux les comprendre », explique l’étudiante en sexologie.
M. Cervantes indique qu’il peut y avoir « quelque chose de sain » à écouter ce type de balados. Selon le criminologue, ceux-ci permettent à certaines personnes de faire des études de cas sur les coupables.
Mégane croit que l’important, c’est de ne pas déshumaniser les criminel(le)s, mais de ne pas non plus les mettre sur un piédestal. « Il faut trouver un juste milieu », dit-elle.
La violence : « Un attrait naturel »
« Écouter du True Crime, c’est une façon de vivre de l’adrénaline. Je ressens les événements comme si je les avais vécus », explique l’étudiante de l’UQAM.
« Je pense qu’il y a un attrait naturel chez l’être humain envers la violence et tout ce qui est dans les extrêmes »
Sebastien Cervantes
Il dit que la fascination pour le crime était présente bien avant aujourd’hui. « Par exemple, à l’époque des Romains, dans le Colisée, deux personnes étaient mises dans l’arène et devaient se battre jusqu’à la mort, au plaisir de la population entière », illustre le criminologue.
Selon lui, une personne qui écoute des séries de crimes réels ne sera pas nécessairement tentée de reproduire les actes commis. Néanmoins, si l’individu a des traits sociopathes, psychopathes ou encore narcissiques et qu’il voit que l’assassin(e) est dépeint(e) en héros ou en héroïne, il sera susceptible de se faire influencer, explique le criminologue.
« Les séries de crimes réels et les médias qui en parlent peuvent être des déclencheurs », affirme l’expert.
Au-delà des crimes
« Quand on parle de crimes, il ne faut pas oublier qu’on parle principalement de victimes », rappelle Jessica Giroux.
La coanimatrice explique que, dans son balado, les crimes sont présentés, mais sous l’angle des victimes et des personnes qui ont côtoyé le ou la coupable.
En tant que future sexologue, le consentement est au cœur du domaine de Mégane. Pour elle, c’est primordial que les victimes, qu’elles soient directes ou indirectes, consentent à ce qu’il y ait un balado ou un documentaire par rapport au crime.
« Je crois que, si on glorifie les criminel(le)s, on en vient à oublier qu’il y a de vraies peines [associées à leurs actes] », mentionne Mégane.
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