Documentaire Drogues du violCocktails toxiques

Dans le documentaire Drogues du viol, la journaliste Marie-Eve Tremblay plonge les téléspectateurs et les téléspectatrices  au cœur d’une enquête sur l’administration de substances à l’insu d’une personne. L’objectif : lever le voile sur les facettes de ce fléau, telles que le danger du GHB, et exposer les failles du système, en donnant la parole aux victimes.

Le documentaire explique que, la plupart du temps, les personnes qui sont droguées à leur insu sans être agressées ne se considèrent pas comme des victimes. Pourtant, elles le sont. Intoxiquer quelqu’un(e) sans qu’il ou elle en soit conscient(e) est criminel. 

Le phénomène des intoxications aux drogues du viol est un enjeu d’intérêt public. Celui-ci ne peut toutefois pas être quantifié en raison du manque de données sur le sujet. C’est ce qui a poussé la réalisatrice Marie-Christine Noël et la journaliste Marie-Eve Tremblay à réaliser un documentaire dressant un portrait global du GHB et des drogues de soumission chimique en général.

« Depuis la diffusion du documentaire, je reçois [plusieurs messages], de personnes de tous âges, gars ou filles, qui me racontent leur histoire »

Marie-Eve Tremblay

La lettre « s » dans le titre Drogues du viol est important, car le GHB n’est pas la seule substance servant à prendre le contrôle d’une personne. Il existe plus d’une centaine de substances utilisées dans le but d’intoxiquer une personne à son insu. Par exemple, faire consommer de l’alcool en très grande quantité à quelqu’un(e) est une forme de « drogue du viol ». 

« C’est fou comment c’est répandu », dit Mme Tremblay. La journaliste souligne qu’il faut arrêter de « banaliser » ce crime.

« Il est temps que la honte change de camp, il est temps qu’on ne mette pas toujours la responsabilité sur les victimes », explique Mme Noël.

Les statistiques invisibles

Drogues du viol a été réalisé à la mémoire de Véronique, qui est décédée à l’adolescence en ingérant du GHB. Mme Tremblay a connu celle-ci au secondaire. Pour la journaliste, « Véronique sert de mise en garde […] et surtout de prévention  . Mme Tremblay veut sensibiliser les gens au fait que cette drogue peut provoquer un arrêt cardiorespiratoire.

« Le GHB peut devenir une arme », explique la journaliste. À son avis, la majorité de la population n’est pas au courant du risque de décès lié à l’intoxication au GHB.

« On n’a pas besoin d’être dans Breaking Bad pour produire du GHB », affirme dans le documentaire le Dr Martin Laliberté, urgentologue et toxicologue médical au Centre universitaire de santé McGill. Ainsi, c’est une drogue très facile à produire, mais très difficile à détecter.

D’ailleurs, lorsqu’une personne dépasse les 12 heures d’ingestion, elle dépasse par le fait même le temps requis pour se faire tester pour le GHB, mentionne Mme Noël. 

Une lueur d’espoir

Drogues du viol relate les conséquences de la soumission chimique, mais présente également des pistes de solutions. Lancé par le Gouvernement du Québec, le projet Trajectoire permet à une victime qui croit avoir été droguée à son insu de se présenter au triage d’une urgence afin de demander une trousse urinaire légale. Le centre hospitalier communique ensuite avec le service de police local, pour qu’il s’occupe des formalités. 

Mme Tremblay croit que, « grâce au projet Trajectoire [la situation] va changer ». Elle pense que les données comptabilisées vont permettre de mieux illustrer l’ampleur des intoxications aux drogues du viol. La journaliste dit avoir beaucoup « d’espoir » envers Trajectoire.

Le documentaire est disponible en rediffusion sur le site de Radio-Canada.

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