Incursion dans le monde des chasseurs et chasseuses de fantômes

Apparitions trop fréquentes, réactions surjouées, effets spéciaux : l’image sensationnaliste des chasseur(-euse)s de fantômes véhiculée dans les médias, souvent amplifiée par du montage et des vidéos truquées, diffère de la réalité plus sobre des groupes québécois.

La majorité des groupes de chasseur(-euse)s de fantômes ou d’enquêteur(-trice)s en phénomènes paranormaux offrent leur service gratuitement. C’est le cas d’Investigation 13 et d’Outaouais Paranormal. « Notre but n’est pas de trouver des entités, mais plutôt d’aider les gens », assure Christine Laflamme, une médium qui fait partie de l’équipe d’Outaouais Paranormal.

Les deux équipes s’assurent d’écarter « toutes autres possibilités » avant de conclure qu’il s’agit d’une « activité paranormale ». 

Elles sont toutefois rarement confrontées à de « véritables phénomènes paranormaux », faisant plutôt face à des cas d’invasion d’animaux, de structures défaillantes de maison ou de troubles de santé mentale ou de consommation.

« Une fois sur dix, on a vraiment affaire à une entité. »

– Christine Laflamme, membre de l’équipe d’Outaouais Paranormal

« Si on s’aperçoit que la personne a davantage besoin d’aide clinique que paranormale, on va essayer de l’aider à consulter un médecin, un psychologue, etc. », indique Dominique Desormeaux, un enquêteur en phénomènes paranormaux chez Investigation 13.

Un processus à plusieurs étapes

Une fois l’enquête lancée, l’équipe de M. Desormeaux utilise des lecteurs de champs électromagnétiques, des détecteurs d’EMF, tels que des K2, des enregistreurs vocaux, des caméras vidéo et photo. Investigation 13 analyse ensuite les données récoltées et établit une conclusion sur la « nature paranormale » de la situation. S’ensuit une séance de purification, souvent avec de la sauge.

Ce sont les citoyen(ne)s qui contactent les équipes de chasseurs et de chasseuses. Investigation 13 envoie ensuite un formulaire aux client(e)s afin d’avoir un aperçu de la situation et d’exclure les fausses pistes. La clientèle doit entre autres expliquer en détail l’incident et indiquer si elle a des habitudes ou des problèmes de consommation.

Les équipes doivent s’adapter aux « esprits qu’elles rencontrent ». Leur ancienne vie transpirerait dans leur façon de communiquer. « On essayait d’entrer en contact avec un ancien militaire, et il s’exprimait par [code] morse parce que, pour lui, c’était [plus] facile », raconte M. Desormeaux.

Un(e) médium assiste généralement au processus afin de « communiquer spirituellement avec les défunt(e)s. » « Mon rôle consiste à guider les entités et, si c’est négatif, de les amener à sortir, puis d’aider les personnes à décrocher », explique Christine Laflamme. 

Un portrait distordu dans les médias

Une enquête peut durer huit, dix, douze heures avant qu’il n’y ait la moindre « activité paranormale », explique Dominique Desormeaux. « Ça peut aussi être après 30 minutes. »

Dans une émission de télévision dédiée au paranormal de 45 minutes, l’enquêteur en phénomènes paranormaux explique qu’il peut y avoir jusqu’à 40 interventions de type « j’ai vu un fantôme dans le couloir » ou « j’ai aperçu une ombre noire ». 

« C’est fait exprès pour vous garder devant la télévision. »

Dominique Desormeaux, enquêteur chez Investigation 13.

« Souvent, dans les émissions de télévision, il y a beaucoup d’ajouts, beaucoup de fake », explique M. Desormeaux. Cela dépeint un faux portrait de la réalité des enquêtes paranormales et, surtout, nuit à la crédibilité des chasseurs et chasseuses de fantômes. 

Une autre interprétation

Selon Christian Page, un journaliste spécialisé dans les phénomènes paranormaux, les recherches effectuées dans le monde universitaire et scientifique démontrent que « c’est nous qui créons nos propres fantômes. Mieux on apprend à connaître le cerveau, mieux on comprend qu’il ne nous traduit pas une réalité objective ».

« Je ne ferme pas la porte à l’idée d’une nature surnaturelle, mais, en 50 ans, je ne l’ai jamais vue »

Christian Page

Le phénomène du « poltergeist » : là où se rejoignent les deux mondes

Des coups aux murs, des meubles qui se renversent, des objets qui se déplacent spontanément : c’est un phénomène appelé poltergeist.

Le critère qui le différencie des autres « phénomènes surnaturels » est la récurrence. Selon M. Page, les « incidents » peuvent durer de deux à trois semaines. « Parfois, dans des cas rares, ça va perdurer pendant des mois », ajoute-t-il.

Il souligne que, malgré le fait que son milieu ait la certitude que « le phénomène est bien réel » grâce à ce qui a été documenté, il n’y a toujours pas d’explication, mais que ça ne serait pas lié aux revenant(e)s.

Toutefois, lors de phénomènes de poltergeist, « on constate qu’il y a généralement, dans l’environnement, une personne qui souffre de problèmes émotifs ou d’anxiété », souligne M. Page. 

« C’est un constat, pas une croyance. La science a encore beaucoup de choses à faire avant de tirer une conclusion », dit M. Page.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *