Dossier IAPerdre le sens des mots 

« L’usage excessif de ChatGPT par les étudiants pourrait affaiblir leurs compétences en écriture. En se reposant sur l’intelligence artificielle pour rédiger leurs devoirs, ils risquent de perdre leur capacité à structurer des idées et à maîtriser la syntaxe, compétences essentielles à leur développement intellectuel et personnel. »

C’est bien écrit, ça sonne bien, mais c’est plate! Qu’est-ce que c’est plate! Ce passage de texte, chers lecteurs et lectrices, a été écrit par ChatGPT. Vous savez, notre nouvel ami numérique qu’il nous tente d’utiliser pour faire nos travaux plus rapidement. Bien franchement, auriez-vous lu un texte entier rédigé de cette façon? Certainement pas nous. 

La grammaire est parfaite, les propos sont sensés. Pour ce qui est de l’authenticité, nous passons notre tour. Le Montréal Campus passera le sien aussi. Notre journal a toujours été une école pour les journalistes de demain. Un endroit où les plumes se forgent et où les premiers réflexes journalistiques émergent. Chaque production est le fruit du travail acharné des étudiant(e)s, et cela restera ainsi. 

Certes, nous pourrions produire presque l’entièreté du contenu du Montréal Campus avec quelques prompts bien rédigés. Nous nous assurerions ainsi une abondance de contenus à publier en un temps record. Mais non. 

Nous continuerons à prendre le temps nécessaire pour accompagner nos collaborateurs et collaboratrices, des balbutiements d’un article jusqu’à sa version finale.  

Apprendre à réfléchir

Le rédacteur en chef du Philosophie Magazine, Martin Legros, avance qu’avec des données infinies, Chat GPT décrit et explique. Avec des données finies, notre intelligence humaine est capable de donner une saveur unique à la pensée critique. 

Oui, l’IA jouera un rôle dans le futur de l’humanité. Nous n’avons qu’à regarder l’archéologie, où l’œil de l’IA s’avère déjà bien supérieur à l’œil humain, pour dater des objets et retrouver des cités perdues. Ou encore en médecine, où l’IA permettra une foule d’avancées, notamment un triage plus intelligent des patient(e)s à l’urgence. 

Mais les capacités à réfléchir et à choisir ses mots sont elles aussi essentielles. C’est pourquoi nous avons toujours besoin de former les penseurs et penseuses de demain. M. Legros rappelle que l’éthique des humains dépassera toujours celle de la machine, puisque celle-ci trahit à son sens une « indifférence morale ».

Point de non-retour

Au mois d’août, Le Devoir nous apprenait que près du tiers des élèves de secondaire 5 échouent à leur examen ministériel de français. Avec l’utilisation de plus en plus fréquente de l’IA, la barre ne risque pas de se redresser. L’IA peut nous aider à faire des recherches efficaces. Mais elle ne peut pas remplacer notre mémoire pour nous souvenir de nos conjugaisons, ni nous servir de notre originalité. 

Alors quels seront ses effets? Va-t-on volontairement donner notre accord au numérique pour prendre le contrôle de notre plume? Gardons à l’esprit que l’IA devrait nous aider et non nous remplacer, bien que la limite semble mince et sans encadrement. 

Les étudiant(e)s ont déjà de la difficulté à écrire (nous aurions aimé que cela relève de notre opinion, mais c’est une malheureuse réalité). Prenons garde, car, à ce rythme, nous allons perdre le sens des mots. 

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