Alors que des défis financiers entravent le soccer local, le CF Montréal fait vibrer tout un territoire, démontrant que malgré les obstacles, le ballon rond continue son essor au Québec.
Pour Francis Millien, récemment intronisé au Temple de la renommée du soccer québécois et impliqué dans ce sport depuis 1970, le soccer est mieux structuré et présente un niveau bien plus élevé que ce qui était proposé dans le passé.
« À l’époque, on ne pouvait jouer au soccer que quatre à cinq mois par année, tandis qu’aujourd’hui, avec les terrains synthétiques et les complexes intérieurs, il est possible de s’entraîner pendant douze mois », indique M. Millien.
« L’engouement pour le soccer est grandissant, et la popularité du CF Montréal parle d’elle-même », estime de son côté Alexis Jeandot, grand amateur du ballon rond et étudiant à l’UQAM. Il mentionne également que les performances des joueurs locaux aident à susciter l’intérêt pour le soccer.
Valério Gazzola, directeur du développement de Soccer Québec, abonde dans ce sens, affirmant que le soccer « avance très bien et que les services offerts sont de plus en plus de qualité ». Selon lui, la formation pour les entraîneurs et entraîneuses est plus avancée qu’auparavant, ce qui peut expliquer la montée au niveau professionnel de plusieurs joueurs et joueuses québécois(es).
Toutefois, pour Otmane Ibrir, ancien joueur de l’Impact de Montréal (devenu CF Montréal) et actuel directeur technique de l’Association régionale de soccer de Richelieu-Yamaska, le développement des joueurs et joueuses au Québec est encore loin de celui qu’on peut apercevoir en Europe, par exemple.
Organisation problématique
Francis Millien est d’avis que le niveau sur le terrain a toujours été bon au Québec. Il reconnaît cependant qu’avant les années 1990, le modèle québécois ne permettait pas l’essor du sport, particulièrement pour le développement des joueurs et joueuses.
M. Ibrir n’est pas du même avis. Il pense qu’encore aujourd’hui, les idées sont bonnes, mais que le manque de personnel qualifié empêche le soccer québécois d’avoir les moyens de ses ambitions.
« Le système est géré par beaucoup de bénévoles. Même si l’on apprécie beaucoup leur travail, ce n’est malheureusement pas ce qui va permettre au soccer d’évoluer. Il faut professionnaliser ce sport. »
Otmane Ibrir, ancien joueur de l’Impact de Montréal
Il juge que les faibles revenus des organisations nuisent à cet objectif.
D’après M. Gazzola de Soccer Québec, « on manque toujours de financement dans les sports amateurs ». L’organisation n’a toutefois pas été en mesure de nous fournir une estimation des sommes dont elle aurait besoin.
L’importance du CF Montréal
Les intervenants rencontrés par le Montréal Campus sont d’avis que l’arrivée d’un club professionnel à Montréal a grandement aidé le soccer québécois à s’émanciper.
Valério Gazzola était l’entraîneur-chef de l’Impact lorsque le onze Montréalais a été sacré champion de la Première division des United Soccer Leagues en 1994. Nouvellement champion et au centre de l’attention médiatique – les activités de la Ligue nationale de hockey et de la Ligue majeure de baseball étaient en suspens – l’Impact de Montréal est entré dans le cœur des adeptes de sport de la métropole. L’arrivée du club en Major League Soccer (MLS) au printemps 2012 demeure l’événement phare de l’histoire du club.
Selon Otmane Ibrir, il ne faut pas que le CF Montréal soit « l’arbre qui cache la forêt », c’est-à-dire que les succès du club professionnel ne doivent pas effacer les difficultés actuelles dans le soccer amateur.
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Événements phares |
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Même si la fédération Soccer Québec (autrefois Province of Quebec Football Association) a été créée en 1911, c’est seulement dans les années 1970 que la pratique du sport s’est réellement développée, propulsée par l’immigration. Les nouveaux et nouvelles arrivant(e)s ont tranquillement réussi à amener de plus en plus de Québécois(e)s à regarder des matchs ou à y jouer, rapporte M.Millien. Les quatre Coupes du monde qui ont eu lieu en sol québécois, dont l’édition féminine de 2015, ont aussi énormément aidé à accroître la popularité du soccer. Le soccer féminin s’est d’ailleurs grandement développé. En 2004, 38% des joueurs et joueuses étaient des femmes au Québec, alors qu’en 2024, il y a environ autant d’hommes que de femmes qui pratiquent le ballon rond, mentionne Francis Millien. |
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