La 22e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) a été lancée jeudi soir avec le portrait de l’ancienne mannequin Benedetta Barzini par son fils Beniamino Barrese. Une confrontation délicieuse entre le cinéaste et celle qui refuse dorénavant de se trouver sous les projecteurs.
Simple, mais loin d’être simpliste, The Disappearance of my Mother traite de la vieillesse et de la mort de façon délicate et bien amenée. Beniamino Barrese entraîne le public, avec ce premier film, dans l’univers très intime de celle qui a déjà été la muse de Dalí et de Warhol à une époque qui semble particulièrement lointaine.
Mélangeant archives et scènes du quotidien, le film de Barrese présente la vie de sa matriarche où est perceptible, dès le début, la dualité entre le passé de l’ex-mannequin des années 60 et la militante féministe et marxiste d’aujourd’hui. Âgée de 76 ans, Benedetta Barzini est désormais rebutée par ce culte de l’image et cet éloge à la beauté.
Cela a d’ailleurs été problématique pour le réalisateur italien. Benedetta Barzini ne voulait pas participer à ce projet, tentant le plus possible de fuir l’image, de disparaître. Présente à la projection de la première québécoise en compagnie du réalisateur, elle explique que malgré sa répulsion quant à cette idée de documentaire, elle a accepté par amour pour son fils.
Et c’est justement le fait qu’elle fasse ce film à contrecoeur qui rend l’oeuvre aussi charmante. Le réalisateur italien joue sur cette authenticité pour faire découvrir au public l’attachante femme derrière l’ex-mannequin.
D’une douceur naturelle
Devant quelques centaines de cinéphiles se déploie, pendant un peu plus d’une heure et demie, une femme un peu grognonne par moment, qui tousse et qui est ridée : une vraie personne. Le réalisateur fait même de gros plans au début du film sur la peau craquelée et les cheveux argentés de sa mère. Mme Barzini s’était d’ailleurs promis « de toujours rester elle-même », ce qui semble en tout point accompli.
Mannequin, journaliste, universitaire, mère de quatre enfants et militante sont tous des chapeaux que peut porter Benedetta Barzini. Elle renie toutefois son statut de mannequin, car elle trouve futile et superficiel tout ce qui a trait à l’image. Elle explique qu’un moment figé ne rend jamais justice à la réalité. Elle image cette pensée en expliquant que pour elle, les photos de coucher de soleil se ressemblent toutes, alors que chaque moment est unique.
Celle qui a passé sa vie devant une caméra souhaite désormais disparaître ; une idée que son fils tenait à décortiquer avant de la laisser partir. Après avoir braqué sa caméra sur elle pendant plus de deux ans, Barrese dit maintenant comprendre et être prêt à faire cet au revoir, bien qu’attristé : « J’ai eu ce que je voulais en faisant ce film et l’on devrait tous pouvoir avoir ce qu’on veut. »
Sur un ton tantôt comique tantôt émouvant, The Disappearance of my Mother esquisse des rires et soutire quelques larmes. Impossible de deviner que cet opus était le premier pour le jeune réalisateur dans la trentaine, qui s’aligne vers une carrière aussi glorieuse que celle qu’a connue sa mère.
Une seconde projection du film aura lieu le 21 novembre à 16 h au Cinéma du Parc, toujours dans le cadre des RIDM qui se poursuivent jusqu’au 24 novembre.
Photo fournie par les RIDM
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