Le géant Pantagruel refait surface sur scène au Théâtre Denise-Pelletier avec la pièce Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, mise en scène par Philippe Cyr. L’humour grivois et l’exubérance des personnages dominent dans cette œuvre abstraite et illusoire.
La pièce de théâtre est adaptée du conte Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes de l’auteur François Rabelais. « Ce sont des écrits très importants, qui sont fondateurs de notre littérature et c’est tout un défi de transposer ça [pour] la scène », explique le metteur en scène de la pièce Philippe Cyr, diplômé de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM.
L’histoire qui émane du monde fantastique se déroule dans l’estomac du géant, le légendaire Pantagruel. C’est d’ailleurs l’imaginaire qui a guidé M. Cyr à travers ses choix esthétiques des décors et des costumes. Une gorge est représentée par un trou géant délivrant de la nourriture et un tapis de mousse recouvre la scène, rappelant le suc gastrique du géant.
Idéal démesuré
Les quatre protagonistes se côtoient dans les entrailles du géant où un monde à l’envers fait place à un humour grivois qui se traduit par des blagues d’excréments, de flatulences et de mauvaise digestion. Le Pèlerin (Paul Ahmarani), Frère Jean (Nathalie Claude), Ponocrate (Renaud Lacelle-Bourdon) et Panurge (Cynthia Wu-Maheux) évoluent dans cet univers utopique et absurde.
L’auteur de l’adaptation, Gabriel Plante, réussit brillamment à équilibrer le côté grotesque du texte avec des propos scientifiques ou philosophiques qui sont recherchés et approfondis.
Ces quatre personnages se rencontrent dans l’estomac du géant et décident tout bonnement de manger pour rire et de rire plus fort pour pouvoir encore manger. L’un de leurs camarades, s’étant trop empiffré, meurt à la suite d’une indigestion. Les trois autres devront travailler en équipe pour passer à travers cette épreuve et des rebondissements qu’elle engendre.
L’aspect structuré de la pièce est d’ailleurs supporté par la présence hors de la scène de Rabelais, interprété par Dany Laferrière. En incitant parfois les personnages à échanger avec le public, le narrateur les aide à briser le quatrième mur, sans même se faire voir.
Si cette action alimente le rapport de proximité entre les personnages et le public, elle vient aussi rompre l’ambiance du monde imaginaire. Des longueurs atténuent parfois aussi l’effet loufoque de certains propos alors que des précisions sont nécessaires à la compréhension.
Par leur talent comique, les comédiens réussissent toutefois à transmettre de façon juste l’absurdité de leur univers. Ils offrent au public une performance marquée par une complicité et une aisance sur scène.
Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel est présenté au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 20 octobre.
photo: HUGO B. LEFORT
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