Jeux de coulisses à l’embauche de correcteurs

Les étudiants de deuxième et troisième cycles embauchés au poste de correcteur apprécient ce travail flexible, mais remettent en question le processus de recrutement qui s’opère parfois de façon informelle.

Eve Gladu étudie à la maîtrise en didactique des langues et fait de la correction en français depuis six ans en plus d’être adjointe de recherche. Son salaire? 21,62 $ de l’heure, un montant similaire tant à l’Université de Sherbrooke qu’à l’Université de Montréal.

« Aux cycles supérieurs, je trouve que c’est enrichissant. Ça te permet de corriger des travaux ou de faire de la recherche dans ton domaine », affirme l’étudiante à la maîtrise, qui compte amorcer la recherche pour son mémoire.

Sélection problématique

Une étudiante au cycle supérieur en enseignement à l’UQAM, qui tient à garder l’anonymat par crainte de perdre des contrats, croit que « la majorité du temps [le recrutement] se passe dans les corridors ». Elle offre en exemple les nombreux refus d’embauche qu’elle a reçus malgré son expérience. « Les seuls contrats que je décroche sont ceux avec des professeurs qui connaissent mes méthodes de travail », affirme-t-elle. Cette forme de recrutement est comme un « éléphant dans la pièce » entre les étudiants et les professeurs, selon Mme Gladu.

Pour obtenir un poste de correcteur, les étudiants doivent postuler sur le portail des ressources humaines de l’université. Les offres ne sont pas affichées physiquement et ne figurent pas dans la plus récente banque d’emplois des Services à la vie étudiante. Ce système, implanté par le Syndicat des étudiants et étudiantes employé-e-s de l’UQAM (SÉTUE), vise à uniformiser les offres d’emploi. « Le professeur reçoit une liste de candidatures concernant le cours qu’il va donner. C’est dans cette liste qu’il choisit la candidature qu’il croit la meilleure. Cela limite l’arbitraire et offre des chances égales à tous », affirme le professeur de sociologie Jacques Beauchemin, qui apprécie la méthode de sélection en vigueur.

Question d’encadrement

C’est une coïncidence qui a poussé Eve Gladu à devenir correctrice. « Ma professeure était nouvelle à l’UQAM. Elle a fait un appel à tous dans la classe pour savoir si nous étions intéressés à travailler pour elle. Je lui ai laissé mes coordonnées avec un CV et une lettre de motivation et, depuis, je collabore avec elle », explique Mme Gladu, très satisfaite de cet emploi.

« Les professeurs aimeraient toujours avoir plus d’auxiliaires, mais l’argent les en empêche », affirme la porte-parole du SÉTUE Shanie Morasse.

Les correcteurs sont encadrés par le SÉTUE. Ce syndicat participe à leur candidature pour des postes de travail auprès des professeurs et assure que les correcteurs respectent le nombre d’heures de travail imposé par la convention collective. En général, les contrats impliquent de 30 à 45 heures de travail, qui sont échelonnées sur cinq ou six semaines. Il incombe aux étudiants d’établir le rythme de correction avec leurs professeurs.

La porte-parole du SÉTUE met en garde les nouveaux correcteurs qui « travaillent parfois gratuitement pour rester dans les bonnes grâces des professeurs pour avoir d’autres contrats ». Le syndicat ne tolère pas que leurs membres travaillent des heures non rémunérées, encore moins s’il s’agit de la volonté d’un professeur.

Eve Gladu n’échangerait pas son boulot. « Ton horaire est très libre aux cycles supérieurs. À part les plages horaires de tes cours, tu es pas mal laissé à toi-même. C’est à toi de voir combien d’heures par semaine tu peux travailler et d’accepter des contrats en fonction de ça », explique-t-elle, n’ayant presque jamais eu de difficulté à concilier ses études et son travail d’adjointe de recherche.

Celle qui étudie à la maîtrise en didactique des langues ajoute par ailleurs que les correcteurs ne doivent pas avoir peur de mettre leur pied à terre pour faire respecter leur horaire. « Les professeurs ont besoin des correcteurs pour les aider. Sinon, ils ont une trop grosse charge de travail », affirme-t-elle.

Si Eve Gladu cesse de faire de la correction, elle compte faire de la suppléance dans une école secondaire, mais l’horaire flexible que lui offre son travail actuel de correctrice l’en dissuade.

 

photo : MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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