S’inscrivant dans le cadre de la semaine de la mobilité, la sixième édition du Park(ing) Day a eu lieu le vendredi 22 septembre à Montréal afin de conscientiser la population sur l’utilisation des stationnements dans la métropole, avec comme but avoué de les abandonner pour les transformer en espaces publics accessibles aux citoyens.
Tout au long de cette journée à l’esprit convivial et bon enfant, des cases de stationnement sur rue ont été converties en terrasses végétalisées afin d’offrir des rafraîchissements et du repos aux passants des quatre coins du centre-ville. Des étudiants ont distribué des boutures de plantes devant le cégep du Vieux-Montréal et des citoyens ont peinturé des pictogrammes au sol afin de sensibiliser les automobilistes à la piste cyclable aux abords du parc des Gorilles dans le Mile-Ex.
D’entrée de jeu, le chargé de projet au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) et responsable du Park(ing) Day, Romain Coste, rappelle que son organisme ne vise pas à interdire les véhicules motorisés sur l’île, mais plutôt à optimiser l’usage des stationnements. « Dans le centre-ville, le problème n’est pas le nombre de places de stationnement, mais la manière dont on les gère », explique-t-il en soulignant les espaces vides des gratte-ciel libérés après les heures de bureau.
Pour la professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM Florence Paulhiac, il n’y a pas de problématique de stationnement à Montréal. « L’offre satisfait les besoins des usagers. On ne peut pas dire qu’il y a une saturation de l’offre de stationnement », soutient-elle, citant en exemple les stationnements intérieurs des entreprises souvent sous-utilisés les soirs à la sortie des heures de bureau.
Le CRE-Montréal veut également optimiser l’utilisation des stationnements privés étagés ou souterrains afin de libérer les espaces prévus à cet effet dans les rues. L’idée maîtresse derrière ce débat est justement de redonner aux citoyens les espaces publics qui leur reviennent.
De l’espace pour tous
Dans sa politique sur le stationnement publié en juin 2016, la Ville de Montréal aborde également cette reconquête du domaine public. « Une allocation plus judicieuse, voire une réduction de l’empreinte au sol des espaces affectés aux stationnements permettront de mettre le territoire davantage en valeur », est-il énoncé dans cette politique. Pour Mme Paulhiac, également spécialiste des questions d’urbanisme et de transport, il est tout à fait plausible de changer la vocation des cases de stationnement sur rue. « Si on est en mesure d’avoir des terrasses et des “placottoirs” pendant quatre mois durant l’été, nous serions fort probablement en mesure d’optimiser l’offre urbaine pendant douze mois, afin d’avoir d’autres usages que celui de l’automobile », explique-t-elle en donnant l’exemple des rues Saint-Denis et Saint-Laurent ainsi que le Park(ing) Day.
La conversion de l’espace public en lieu de consommation, de détente, d’expression artistique ou même de promotion des commerces est souvent évoquée comme moyen de changement de vocation des espaces de stationnement. Romain Coste signale que l’espace disponible pourrait servir de voies réservées pour les autobus. Un point de vue partagé par Florence Paulhiac : « En réduisant le flux de voiture, on récupère de l’espace public: il faut proposer du transport collectif et alternatif. » Un système de locomotion efficace permettrait aux automobilistes de délaisser leur véhicule.
Une partie importante des déplacements au centre-ville de Montréal et dans le Quartier latin, autour l’UQAM, ne s’effectue pas en voiture. « Le Quartier latin est un endroit où il y a, oui, beaucoup de circulation de transit, mais où l’on marche beaucoup, beaucoup plus », avance la professeure de l’UQAM, prouvant l’usage des moyens de transport alternatifs dans les centres urbains.
Reste maintenant à voir si la Ville de Montréal aura la volonté de changer sa politique du stationnement et des espaces publics en convainquant les propriétaires de stationnements de la métropole d’offrir leur espace à l’extérieur des heures de travail. Ces derniers voudront fort probablement retirer un avantage financier de ce changement de vocation.
photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS
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