Les parents étudiants sont coincés dans une zone grise lorsqu’ils tentent d’accéder au tarif étudiant de la Société de transports de Montréal. Certains utilisent des méthodes fallacieuses pour y accéder, puisque ni l’UQAM ni l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) ne reconnaissent leur statut d’étudiant à temps plein.
33,25$: C’est le montant par mois que sauvent tous les étudiants qui bénéficient du tarif réduit de la Société de Transport de Montréal (STM). Sur un an, cela représente des économies frôlant les 400$. Pour y être admissible à l’UQAM, il faut être inscrit à une session à temps plein, c’est-à-dire un minimum de quatre cours [12 crédits]. Des contraintes ardues pour les étudiants qui sont aussi parents.
Être parent et se conformer à la norme d’étudiant à temps plein est considéré par les principaux concernés comme difficile, voire impossible. Plusieurs parents étudiants doivent s’imposer une limite de cours à suivre par session. « En ce moment, je ne pourrais vraiment pas suivre plus que les deux cours auxquels je suis inscrite », admet Julia Goernert, maman d’un bébé de neuf mois et étudiante à l’UQAM au baccalauréat en linguistique.
À travers son programme d’aide financière aux études, le gouvernement provincial reconnaît que les femmes enceintes d’au moins 20 semaines, les parents d’enfants de moins de 6 ans et les parents monoparentaux d’enfants de moins de 12 ans sont reconnus étudiants à temps plein lorsqu’ils ne suivent que 20 heures de cours par mois.
L’étudiante de 25 ans a dû trouver une brèche dans le système pour accéder au tarif étudiant. « J’ai vu que rien n’avait changé dans le portail même après avoir complété les démarches avec le gouvernement. Je me suis donc inscrite à quatre cours pour pouvoir obtenir le statut et j’ai annulé les deux cours supplémentaires [avant la date limite pour éviter la facturation] dès que j’ai obtenu ma carte OPUS d’étudiante », raconte-t-elle.
Paradoxe entre le gouvernement de l’UQAM
Il n’y a aucune trace de la reconnaissance gouvernementale des 20 heures de cours par mois dans les règlements de l’UQAM. Celle-ci ne fait aucune exception pour les parents étudiants en ce qui concerne le statut d’étudiant à temps plein.
« La reconnaissance du statut d’étudiant-parent fait partie des dossiers prioritaires du Groupe de travail sur l’élaboration de mesures de soutien aux étudiants-parents et des discussions à ce propos auront lieu dès cet automne, a déclaré Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM, dans un échange de courriels avec le Montréal Campus. Il est donc trop tôt pour statuer sur les critères de reconnaissance », admet-elle.
L’ARTM aussi à blâmer
L’autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a été instaurée le 1er juin 2017 dans le cadre du projet de loi 76, ayant comme objectif la réorganisation du transport collectif dans la région de Montréal. Elle s’occupe notamment d’édicter les règles concernant l’accès au tarif réduit. L’un de ses mandats consiste en la révision de la tarification, qui se fera au cours de 2018.
L’ARTM a décidé de s’inspirer du programme de l’aide financière aux études pour définir ses critères d’accès au tarif réduit, mais à une exception près. Elle n’a pas inclus les passages sur les parents étudiants qui n’exige que 20 heures de cours par mois.
« Même si les universités voulaient reconnaître le statut d’étudiant à temps plein correspondant aux critères de la Loi sur l’aide financière aux études des parents étudiants, l’ARTM, elle, ne leur reconnaîtrait toujours pas le droit à l’accès au tarif réduit », affirme la présidente du Comité de soutien aux parents étudiants de l’UQAM, Sophie Lamontagne.
Depuis sa création, l’ARTM n’a pas apporté de changements majeurs dans les règlements des sociétés de transport de la région de Montréal autre que l’ouverture de l’accès au tarif réduit aux étudiants de plus de 25 ans. « Ce sont les étudiants à temps plein qui bénéficient du tarif réduit parce qu’historiquement, c’est comme ça que ça fonctionnait avant notre arrivée », déclare Fanie St-Pierre, relationniste de presse de l’ARTM.
« Je ne peux pas vous dire l’intention de l’autorité financière par rapport au dossier des parents étudiants, déclare dit Fannie St-Pierre. Notre intention, pour l’instant, est de consulter les citoyens pour en arriver à une révision des tarifs », conclut-elle.
Au Québec, 4,9% des parents d’enfants de 0 à 5 ans ont les études comme occupation principale. Parmi ces chiffres, on y retrouve deux fois plus de mères que de pères.
photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS
Julia Goernert, jeune mère et étudiante à l’UQAM.
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