Environ 2000 personnes se sont réunies lors d’une manifestation pour dénoncer la culture du viol, mercredi soir, à Montréal. Des survivantes d’agressions sexuelles ainsi que des groupes d’aide aux femmes ont pris la parole avant la marche pacifique qui s’est soldée par un spectacle au Club Soda.
Le rassemblement montréalais s’est amorcé au parc Émilie-Gamelin, où se sont amassés des milliers de personnes ayant répondu à l’appel à la mobilisation. «C’est important de se réunir parce que les femmes qui subissent cette culture du viol se sentent très isolées et deviennent en plus victimes de leur isolement», a avancé la présidente de l’organisme Pour les droits des femmes du Québec, Michèle Sirois. Des manifestations semblables avaient lieu simultanément à Québec, Gatineau, Saguenay et Sherbrooke, s’inscrivant toutes dans le mouvement social contre la culture du viol, qui gagne en importance dans la province.
Les survivantes présentes au parc Émilie-Gamelin sont venues faire part de leur histoire et plusieurs représentants de groupes d’aide aux femmes, tels que Femmes autochtones du Québec, ainsi que des professeurs et des personnages politiques, sont aussi montés sur scène pour démontrer leur soutien. Tous ont tenu un discours sans ambiguïté quant à la nécessité d’éradiquer la culture du viol, dénonçant ce mode de pensée sociale. «Il faut réveiller les consciences», a résumé l’étudiante à l’Université de Montréal en création littéraire, Hélène Bughin.
Des revendications claires
Un appel au gouvernement à instituer un nouveau système juridique qui protège réellement les femmes a également été lancé conjointement par la plupart des invités. «On ne veut pas d’autres belles paroles politiques, mais de nouvelles lois qui permettent aux femmes de ne pas être en danger constant et surtout de se retrouver sans ressources advenant le cas d’une agression», a soutenu Marie Lessard, une citoyenne présente au rassemblement.
À la suite des prises de paroles, la manifestation s’est mise en branle, commençant sur le boulevard de Maisonneuve. Les femmes autochtones ont été désignées pour prendre la tête du convoi. Les protestataires ont scandé haut et fort leur désaccord, dans une atmosphère pacifique qui a perduré jusqu’à la fin. Après une trentaine de minutes, la marche a rejoint la rue Ste-Catherine jusqu’au Quartier des spectacles, où tous se sont réunis pour un dernier moment. La foule s’est ensuite peu à peu dispersée. Une centaine d’autres ont toutefois décidé de poursuivre la marche. Cette autre manifestation, improvisée, a duré une trentaine de minutes, avant de s’essouffler près de la station de métro Papineau.
Vers 20h, le spectacle « Post-manif pour célébrer la prise de parole » a débuté au Club Soda, dans une ambiance légère et intime. Environ 200 personnes étaient présentes lors de l’événement « micro-ouvert », ponctué de performances de Safia Nolin, des Soeurs Boulay et de Laurence Nerbonne, entre autres.
«La lutte qu’on mène en ce moment est une lutte résolument nécessaire et elle arrive à un moment crucial. C’est plus que le temps que ça change dans notre société.»
Hélène Bughin, étudiante
Rappelons qu’entre le 16 et le 19 octobre dernier, 15 plaintes ont été déposées par des étudiants de l’Université Laval: 11 pour intrusion et quatre pour agressions sexuelles. Deux étudiants ont été arrêtés relativement aux intrusions dans les résidences de l’Université Laval. L’un deux, Thierno-Oury Barry, fait face à une douzaine de chefs d’accusation, dont quatre sont pour entrée par effraction dans le but de commettre une agression sexuelle. Dans la foulée de ces événements, l’étudiante Alice Paquet a affirmé avoir été victime d’une agression sexuelle commise par le député de Laurier-Dorion, Gerry Sklavounos. Ce dernier a d’ailleurs été exclu du caucus libéral et siège désormais comme indépendant.
Photos: CATHERINE LEGAULT MONTRÉAL CAMPUS
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