HexagramUQAM | Incubateur de recherche-création

Que ce soit pour créer le rythme organique d’une chanson avec les battements d’un cœur humain ou pour animer l’environnement scénique d’un théâtre grâce aux mouvements et aux dialogues des acteurs, les membres d’HexagramUQAM cherchent à repousser les limites des possibilités artistiques. Depuis 2008, le centre de recherche a pour mission de coordonner la recherche-création dans le domaine des arts médiatiques, de soutenir la création expérimentale, ainsi que de susciter les innovations artistiques et le développement de méthodologies nouvelles, ce qui donne naissance à toutes sortes d’œuvres excentriques.

Pour le directeur d’Hexagram et professeur en médias interactifs à l’École des médias de l’UQAM, Jean Décarie, le travail du centre de recherche est fondamentalement similaire à la recherche scientifique. Il lie les disciplines interprétatives, comme les sciences sociales, aux disciplines de création, telles que le design, afin de générer de nouveaux savoirs avec et à travers des pratiques performatives.

Mieux comprendre son environnement pour innover

Hexagram a plus d’une corde à son arc: il touche divers secteurs comme l’imagerie dynamique, la technochorégraphie, la multiphonie, la robotique, la scénographie médiatique interactive et la scène augmentée. De ces secteurs découlent multiples projets et possibilités qui poussent les chercheurs vers l’innovation. «Avec un stéthoscope numérique qui s’avère être un senseur, je pourrais aller chercher le battement d’un cœur humain pour ensuite l’utiliser comme rythme organique pour une pièce musicale», illustre Jean Décarie.

Ælab, un duo de recherche chez Hexagram, a présenté Light, sweet, cold, dark, crude (LSCDC) à la Maison fontaine installée à l’Îlot Clark dans le Quartier des spectacles en 2014. La présentation se voulait un cycle de microévènements audiovisuels sur les eaux usées incluant l’image en mouvement, le dessin et le son immersif.

Plus récemment, l’exposition Pèrsòrèj, qui s’est déroulé du 19 au 21 février 2016, proposait une installation sonore interactive mettant en relation les visiteurs avec une colonie de bruiteurs urbains.

Réflexion sur les nouvelles technologies en théâtre

Étudiant à la maîtrise en théâtre à l’École supérieure de théâtre, Julien Blais en est à ses premières collaborations avec le centre de recherche. Intéressé par les possibilités offertes par l’interactivité scénique, l’étudiant souhaite que les comédiens deviennent des activateurs et des manipulateurs de leur environnement. Les démarches en sont toujours à l’exploration, mais la possibilité que par leurs gestes et leurs paroles les acteurs puissent activer des images et des sons motive particulièrement M. Blais.

«Hexagram c’est un grand terrain de jeu, une grande cour de récréation technologique qui te permet de te casser la gueule, mais qui en fin de compte t’apporte beaucoup au niveau des réflexions et des apprentissages», explique-t-il.

L’étudiant veut présenter le texte Délire à deux, d’Eugène Ionesco, et étudier la possibilité d’amener les comédiens à être les manipulateurs de leur environnement. «Je souhaite aborder l’idée d’acteur-créateur au sens large du terme. Si, pour eux, ces technologies leur permettent d’aller plus loin dans la création de leurs personnages, j’aurai réussi.»

Un processus collaboratif

Le centre de recherche nécessite la collaboration de chercheurs, pour la plupart des professeurs universitaires, des étudiants de deuxième et troisième cycles et des gens du milieu artistique. Son réseau est constitué d’une centaine de membres issus d’Hexagram UQAM et d’Hexagram Concordia, mais également des chercheurs de plusieurs universités du Québec. Louise Poissant, ancienne doyenne de la Faculté des arts de l’UQAM, a longtemps collaboré avec le centre de recherche. Elle est aujourd’hui directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).

Selon Jean Décarie, ces collaborations permettent de «générer et de critiquer du savoir au plus grand bénéfice des étudiants qui participent au processus de création».

Parler de la société de manière expressive

À sa manière, HexagramUQAM cherche à protéger la culture. Ce centre tente de mieux comprendre les fondements culturels de la société pour y découvrir des avancées uniques. «L’art est un reflet de la société. Parce que si dans l’histoire aucune trace d’art d’une société n’a été conservée, comment est-il possible de savoir si elle a existé justement?», conclut Jean Décarie.

Pour la période 2015-2020, Hexagram rassemble les chercheurs autour des axes : le sens et le mouvement, la matérialité et l’ubiquité. Les possibilités restent incalculables, il ne suffit que de développer la recherche pour mieux les créer.

Photo : Alexandre Perras

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