Bernie Sanders > Pierre Moreau

Devant la carrure de l’establishment américain, il semble le seul à oser se tenir debout, et ce à un âge où ses semblables ont le dos courbé. Il a bien une canne, mais plutôt que de s’appuyer dessus, il s’en sert pour ruer de coups les lobbyistes, banquiers et autre 1% des plus nantis de ce monde. Candidat à l’investiture présidentielle démocrate, Bernie Sanders, 74 ans, n’est pas symbole de l’automne des vieux jours, mais bien d’un printemps éclatant, plus pimenté que celui de l’érable, auquel nous avons assisté en 2012.

Au Québec, il y a longtemps que les politiques d’État ne font plus rêver la jeunesse. Peut-être devrions-nous nous inspirer de Bernie plutôt que de sombrer dans une apathie politique désolante.

Pour les pragmatiques, laissons parler les chiffres. Lors du caucus de l’Iowa le 1er février, M. Sanders a récolté 84% des appuis des 17 à 29 ans. Pour ce qui est de la primaire du New Hampshire, la semaine dernière le candidat a obtenu la confiance de 83% du jeune électorat. Impressionnant, pour un vieillard.

Pour les idéalistes, laissons parler les images. Avez-vous vu cette horde de jeunes gens qui se gravent dans la peau leur figure de proue ? Un salon de tatouage du Vermont – l’état dont Bernie est sénateur – affirme avoir tatoué gratuitement 50 paires de lunettes assorties à une chevelure ébourriffée, représentation minimaliste de M. Sanders. Une façon ludique de redécouvrir son slogan, Feel the Bern. Connaissez-vous beaucoup de jeunes Québécois prêts à se graver dans la peau un Couillard ou un Moreau?

Pas très surprenant; le manque flagrant de vision en éducation au Québec est loin d’inspirer de telles excentricités. En près de trois ans et demi, six élus différents ont tenté de briguer ce ministère houleux, et à ce jour, aucun n’a su assumer cette fonction avec brio. Même que le plus récent, Pierre Moreau, a fait un malaise simplement d’y avoir été nommé.

En entrevue avec le Montréal Campus, Hugo Rangel Torrijo, professeur associé au Département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM et spécialiste de l’analyse de la politique de l’éducation, a pointé du doigt la partisanerie des ministres de l’éducation des dernières années. Plutôt que de proposer des projets de société, ceux-ci se sont limités à leur ligne de parti, et ont dû tantôt gérer la hausse des frais de scolarité, tantôt la compression des déjà rachitiques budgets. Ils ont été aussi visionnaires que peuvent l’être des taupes affublées d’oeillères.

Pendant ce temps, Bernie nous parle de gratuité scolaire, d’accès simplifié au soutien financier pour les étudiants, d’éducation de qualité pour tous les enfants de 6 semaines à 5 ans – peut-être saurait-il même régler notre crise des CPE. Et pour financer ces ambitieux projets, le candidat démocrate imposerait une taxe «Robin Hood» à WallStreet, bref, il irait piger dans les poches débordantes des magnats de la finance. N’est-ce pas ce qu’avaient à la bouche les centaines de milliers d’étudiants qui ont fait retentir voix et casseroles des mois durant, il y a quatre ans ?

La simple différence, c’est que pour une fois le message ne provient pas de simples «gratteux de guitare», mais bien d’un sénateur qui, avant d’atteindre la chambre haute en 2007, a passé deux décennies à la Chambre des représentants. Et qu’il grimpe dans les sondages au point de mener une course à deux très serrée avec Hilary Clinton, au sein du parti démocrate de l’État le plus puissant du monde.

Le Québec a besoin d’un Bernie Sanders.

Le Québec a besoin de Bernie Sanders.

Quelqu’un peut-il lui rappeler qu’ici, les hommes politiques n’ont pas même besoin de maîtriser le français ?

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