L’utilisation de pesticides agricoles ne cesse d’augmenter au Québec, souillant les cours d’eau de la province et accroissant possiblement les risques de cancer chez l’humain. La création d’une nouvelle chaire de recherche à l’UQAM, le 15 décembre, sur la transition vers la durabilité des grandes cultures pourrait entraîner une consommation moindre de ces contaminants. Un impact qui serait non négligeable pour l’agriculture québécoise.
Aux yeux du titulaire de la chaire de recherche, Marc Michel Lucotte, les agriculteurs doivent prendre conscience de l’impact de leurs choix de produits sur la fertilité des terres et prôner une plus grande ouverture d’esprit. «Ils sont ouverts lorsqu’on ne leur parle pas de grenouilles à cinq pattes, mais plutôt d’un affaiblissement de la qualité de leurs sols», raconte-t-il.
Trouver la transition appropriée vers la durabilité en obtenant un usage plus faible des pesticides constitue le moteur même de cette nouvelle chaire de recherche unique à l’UQAM. Marc Michel Lucotte, précise tout de même que les membres de son équipe ne désirent pas devenir radicaux en ne priorisant que le biologique. «L’agriculture québécoise doit rester concurrentielle, mais l’aspect environnemental doit tout simplement s’améliorer», avance-t-il.
Le professeur de l’École des sciences de la gestion (ESG) Charles Séguin, qui s’occupe de la sphère économique de cette chaire de recherche, précise que les produits biologiques sont moins répandus que les pesticides agricoles, car ceux-ci génèrent des profits de plus grande envergure «Notre objectif est de montrer qu’il y une forte corrélation entre les préférences des agriculteurs, les risques qu’ils sont prêts à prendre et le type de pratique d’agriculture qu’ils font», explique-t-il. À son avis, les agriculteurs hésitent à se lancer dans le biologique parce qu’ils craignent de réaliser moins de profits à court terme et qu’ils n’ont pas encore la chance d’être soutenus par des programmes d’assurance du gouvernement.
Marc Michel Lucotte veut créer une coopération influente entre les agricultures et sa chaire de recherche qui permettrait l’évolution des pratiques agricoles en diminuant l’utilisation de pesticides. «Nous souhaitons travailler de concert avec les agriculteurs des grandes cultures au Québec en intégrant leurs réalités multiples, comme la nécessité incontournable d’utiliser des pesticides et d’utiliser des semences transgéniques pour arriver à rester concurrentiels sur le marché international», explique-t-il
Tremplin influent
Malgré l’approbation de cette chaire de recherche par l’UQAM le 15 décembre, l’Université n’offre pas un financement énorme. «C’est plus un prestige qu’autre chose, mais ce prestige nous sert de levier pour aller chercher des subventions plus importantes. Présentement, nous essayons d’avoir des partenariats stratégiques dans le milieu», raconte le titulaire. Ce titre prestigieux qui permet l’avancée des recherches tant dans des champs expérimentaux, que dans des serres et des laboratoires de l’UQAM. Toute une équipe de professeurs et d’étudiants y œuvre afin de trouver les conditions indispensables qui motiveraient les agriculteurs à changer leurs pratiques agricoles.
Photo : Alexis Boulianne
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