Le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) récompense depuis 2006 la musique locale, tous genres et toutes langues confondues. Le Bain Mathieu était bondé dimanche soir à l’occasion de cette dixième édition marquée par des honneurs inattendus, un vibrant hommage au groupe Aut’Chose, des performances musicales et des longueurs.
Milk & Bone a été le groupe le plus récompensé, avec trois prix: Révélation de l’année, Album pop de l’année et Chanson de l’année grâce à la pièce Coconut Water. Les deux chanteuses avaient l’air de plus en plus surprises et excitées à chaque fois qu’elles montaient sur scène. C’est toutefois Loud Lary Ajust qui a remporté le Lucien — le nouveau nom du trophée, rebaptisé en hommage à Lucien Francoeur — de l’artiste de l’année, devançant entre autres Pierre Kwenders et Eman X Vlooper, ces derniers les ayant paradoxalement battus dans la catégorie Album rap de l’année.
On aime Aut’Chose
La soirée a commencé en force avec l’intronisation d’Aut’Chose au Panthéon du rock’n’roll québécois. Félix B. Desfossés, co-fondateur du Musée du Rock’n’roll, était très fier d’immortaliser «la musique des marges» qu’a préconisée le groupe. Il a rendu hommage à Lucien Francoeur, alias le «Freak» de Montréal. Celui que Félix B. Desfossés appelle aussi «le Ziggy Stardust mangeur de hot-dogs [en référence au personnage de David Bowie]» était présent pour recevoir la statuette à son effigie. Bière à la main, toujours aussi irrévérencieux, Lucien Francoeur en a profité pour raconter qu’il s’agit du premier prix qu’on lui donne, bien qu’il aurait soi-disant «trouvé un Félix [trophée de l’ADISQ] par terre» qui aujourd’hui «tient une porte dans son sous-sol». Il a encouragé les artistes à rester intègres et à continuer de promouvoir eux-mêmes leur matériel, travail facilité par Internet, afin «d’envoyer chier toute la business, les mangeux de marde et les multinationales».
Vincent Peake, meneur de la formation Groovy Aardvark, a été pris de court par l’hommage-surprise musical qui lui a été donné en deuxième partie de gala avec une interprétation très convaincante de Y’a tu kelkun ?, jouée notamment par des membres d’Anonymous et de Grimskunk. Il a reçu une ovation en déclarant sur scène : «Je m’y attendais pas pentoute…Mais criss que je le mérite !»
L’essoufflement en deuxième partie
Véritable marathon de quatre heures, le gala a considérablement traîné en longueur et la salle s’est vidée graduellement au courant de la deuxième moitié. L’animation énergique d’Ogden (aka Robert Nelson) d’Alaclair Ensemble et les ponts musicaux à saveur hawaïenne de l’excellent Mai Tai Orchestra ont été occultés par les problèmes techniques et par la lenteur généralisée du déroulement. Après l’entracte, les nominations, qui étaient jusqu’alors diffusées sur une boule géante et accompagnées d’une voix préenregistrée, ne fonctionnaient plus et les présentateurs devaient aller se chercher un journal promotionnel du gala pour nommer les finalistes. Le niveau d’enthousiasme était encore acceptable, mais, l’attention du public restant n’y était plus. Un peu dommage, étant donné que la fin du gala devait être le moment le plus important avec la remise des prix les plus prestigieux.
Malgré quelques défauts, le GAMIQ a beaucoup de charme par son authenticité et sa simplicité. Oui, c’est un gala et on y remet des prix, mais l’événement sert surtout à rassembler les musiciens québécois indépendants de tous les horizons dans une même salle et de montrer de quoi ils sont capables. Comme l’a si bien dit Patrice Caron, fondateur du GAMIQ: «À chaque année, on se dit fuck that, ça coûte cher, c’est difficile à faire. Mais le party en vaut la peine !»
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