Depuis plusieurs années, la renaissance du disque vinyle est sur toutes les lèvres. À en croire les experts, il s’agit de l’or noir de la musique d’aujourd’hui. Peu de disquaires peuvent pourtant se vanter d’attirer les foules.
Les marchands de disques vinyles du Québec forment deux catégories bien distinctes: les disquaires spécialisés et ceux qui ont une collection moins étoffée. Les spécialistes perçoivent la renaissance du vinyle comme une opportunité de s’enrichir davantage. Il y a aussi certains disquaires indépendants moins spécialisés qui connaissent plus de difficultés sur le plan financier et ils ne comptent pas sur la vente de vinyles pour s’en sortir.
Nombreux sont les disquaires présents dans la région du Grand Montréal, mais plusieurs catégories divisent le milieu, soit les disquaires franchisés, les disquaires reconnus, ceux dans l’usager ou les indépendants. Fondé par deux amateurs de musique, la Fin du Vinyle a trouvé un moyen de se démarquer de la compétition en vendant seulement des disques vinyles usagés. Les deux copropriétaires du magasin, situé sur le boulevard St-Laurent, rachètent les disques vinyles usagés des clients qui se présentent en succursale. Il y a déjà un nombre considérable de boutiques de disques vinyles expertisées en bordure de ce quartier à Montréal. «À l’époque, lorsque nous avons ouvert, il y en avait deux à proximité de nous, nous devions offrir quelque chose de différent aux consommateurs, voilà en partie pourquoi nous avons choisi les disques usagés», mentionne le copropriétaire de la Fin du Vinyle, Daniel Hadley.
Au même titre que l’industrie de l’alimentation, celle du disque vinyle offre une marge de rentabilité sur les ventes plutôt maigre. Les magasins spécialisés doivent trouver un moyen de limiter les coûts afférents afin d’accroître la viabilité de leurs entreprises. «Le prix de nouveaux disques vinyles s’avère trop important pour le prix que le consommateur est prêt à le payer en succursale», affirme l’un des propriétaires du magasin du boulevard St-Laurent, Dan Hadley.
Si plusieurs amateurs de musique se tournent vers les disques vinyles usagés, plusieurs boutiques expertisées travaillent d’arrache-pied pour augmenter leur volume de ventes afin de palier à la faiblesse de la marge de profitabilité. Ils doivent même envisager des solutions afin de limiter les coûts. «Nous allons chercher nos vinyles directement aux États-Unis afin de diminuer les frais de douanes et les frais de transport, c’est notre façon de diminuer le coût», affirme le copropriétaire de Fréquences Le Disquaire, Jean-François Tétreault.
L’importance croissante du téléchargement sur Internet diminue nettement les parts de marché disponibles au secteur des disques vinyles. L’Association de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ) stipule dans un rapport déposé en 2013 que les ventes d’albums physiques sont en constantes régression depuis les cinq dernières années.
Les deux côtés du disque
Même si la situation semble précaire au sein des disquaires spécialisés en vinyles, plusieurs d’entre eux réussissent à tirer leur épingle du jeu. Au cœur de Saint-Hyacinthe, Fréquences Le Disquaire a vu le jour en 2002 et depuis a remporté nombre de prix dans les galas de l’ADISQ, dont meilleur disquaire indépendant du Québec. La recette gagnante est assez simple selon l’un des copropriétaires: le travail et la diversité. «Nous avons une grande diversité à offrir, ce que plusieurs boutiques n’ont pas la chance d’offrir à leurs clients», spécifie le maskoutain, Jean-François Tétreault.
Depuis la renaissance du vinyle, il y a de cela quelques années, la populaire boutique du Plateau Mont-Royal, Aux 33 tours, connaît une constante progression de son chiffre d’affaires. Le nombre de disques vinyles vendus s’accroît un peu plus chaque année. «Écoutez, ça explose les ventes, chaque jour, on doit enlever près d’un mètre de disques vinyles», affirme un employé de la boutique Aux 33 tours, Julien Venerre.
Pour répondre à la demande des amateurs de vinyles, les producteurs de disques doivent mettre les bouchées doubles. Avec la disparition de l’unique presseur de vinyles québécois, RIP-V, l’industrie américaine de production de vinyles n’aura d’autres choix que d’augmenter sa production. «En 2014, un des producteurs de disques américains qui fait affaire avec nous a acheté une nouvelle presse spécialisée dans le vinyle pour augmenter la production», ajoute Jean-François Tétreault. L’engouement autour du vinyle est sans équivoque, mais ne sauvera pas les petits disquaires du boulevard St-Laurent, qui d’ailleurs se vide de ses boutiques.
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