La scène musicale montréalaise accueillera bientôt un joueur de taille : Secret Sun, formé de Simon Landry et Anne-Marie Campbell. Entrevue avec un groupe qui s’apprête à plonger dans l’arène en lançant Cold Coast, un premier album déjà très attendu.
Il y a environ deux ans, Simon Landry, compositeur et musicien a rencontré Anne-Marie Campbell, auteure, violoniste de formation et chanteuse. Au bout de quelques discussions sur leur amour commun pour des groupes comme Radiohead, The Cranberries, Pearl Jam et Sade qu’ils ont chacun écouté pendant de longues années avec leur walkman jaune, l’idée d’une collaboration leur est vite venue. La musique sans mots de Simon n’attendait que les textes et la voix d’Anne-Marie pour qu’enfin se forme l’identité de Secret Sun. L’idée de collaborer avec quelqu’un était, pour les deux musiciens, plus alléchante que celle de travailler seul. «C’est beaucoup plus facile de se motiver et d’évacuer les angoisses quand tu peux le partager avec quelqu’un qui le vit avec toi», confie Anne-Marie Campbell, confortablement assise sur un fauteuil défoncé dans le sous-sol du légendaire Divan Orange.
Rencontre musicale
Les deux acolytes, pinte de bière à la main, s’accordent pour dire que c’est en grande partie grâce à cette chimie que Secret Sun s’est formé. Le processus créatif du groupe expose très bien la complémentarité vite installée entre les deux musiciens. Simon compose d’abord la musique et envoie la maquette à Anne-Marie qui y ajoute ses textes chantés. Quand ils ont l’impression qu’une chanson tient la route, ils la jouent pendant quelques mois dans des cafés avant de l’emmener en studio, où tout prend place. «Arrivés en studio, on enlève les guitares, on conserve la structure harmonique et les mélodies et on se fait du fun», partage Simon Landry. Les deux musiciens avouent également, en toute modestie, prendre plaisir à jongler avec des influences allant de Kate Bush à Bruce Springsteen en passant par Beach House, pour ne nommer que ceux-ci. Secret Sun s’inspire autant des sonorités qu’on peut retrouver dans le rap, dans l’abstract hip hop, dans le grunge ou encore dans le trip-hop, tout en gardant un côté vaporeux et rêveur.
Lorsque vient le temps de parler des paroles, Anne-Marie dit s’inspirer autant de l’amour, des chapitres de la vie, des voyages et de la routine. Les textes sont assez personnels sans être autobiographiques, souvent inspirés de gens qu’elle connaît et de sentiments vécus, avec un coté romantique classique assumé. Insistant sur le fait qu’ils ne créent pas des chansons à texte, les deux membres du groupe affirment que la musique doit avoir autant d’importance que les paroles. «On a mis beaucoup d’attention sur les arrangements, mais on a voulu laisser la possibilité de s’accrocher aux textes. Sans vouloir faire de compromis, on a voulu mélanger des contrastes, le noir et le blanc, le doux et le rough», assure Simon Landry. Celui ou celle qui écoutera Cold Coast pourra donc s’accrocher autant à la douceur de la voix d’Anne-Marie qu’au coté plus intense et aventureux de la musique du duo.
Rencontres visuelles
Ayant pour but de pousser l’oeuvre du groupe à son plein potentiel, les deux membres tiennent à y ajouter une dimension visuelle. Ne serait-ce que pour le plaisir de collaborer avec des cinéastes, ou encore pour faire honneur aux années quatre-vingt, Anne-Marie et Simon trouvent primordiale l’idée d’offrir des vidéoclips. Leur plus récent, pour la pièce Passing cars, est notamment le fruit d’une carte blanche donnée au réalisateur Hervé Baillargeon. Tourné dans la piscine à vagues du Mont Saint-Sauveur, en écho à la rythmique en va-et-vient de la chanson, le clip met aussi en scène une véritable «tornade de feu». Anne-Marie Campbell, encore impressionnée d’avoir fait affaire avec des professionnels des effets spéciaux, explique que cette opposition entre les éléments met en images le pouvoir de l’homme sur la nature et la rencontre des différentes forces qui composent l’oeuvre du groupe.
Après plusieurs minutes à parler de musique, d’études, de boulot, de Karkwa et de Grey’s Anatomy où jouera fort probablement une des chansons du groupe, s’impose la question de l’avenir de Secret Sun. Pour le futur, sans trop vouloir définir leurs ambitions, Simon et Anne-Marie, devant des verres maintenant vides et empiétant sur le temps de la prochaine entrevue, se disent dépassés par l’idée que leur premier album, même avant sa sortie, ait suscité un engouement notable auprès de plusieurs médias. Ils peinent à cacher leur enthousiasme à l’idée d’un jour se produire dans différentes villes nord-américaines et affirment sans détour leur désir de saisir toutes les occasions qui s’offriront à eux. Avec le projet d’un passage à Toronto avec le groupe Groenland et la sortie de leur album le 30 septembre, tout porte à croire que les ambitions de Secret Sun sont en voie de se réaliser.
Cold Coast, Secret Sun, 30 septembre 2014.
Lancement le 30 septembre, 17h30 au Belmont. GRATUIT.
secretsun.bandcamp.com
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