Les étudiants universitaires québécois de premier cycle s’endettent, travaillent trop et l’aide financière aux études (AFE) est inadaptée à leur situation, selon une étude de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) publiée le 18 novembre. Chiffres à l’appui, la FEUQ réitère son opposition à la hausse des frais de scolarité.
Environ 8 étudiants sur 10 affirment devoir travailler tout en étudiant à temps plein, selon l’étude menée par Léger Marketing auprès de 12 000 répondants. N’ayant pas toujours accès à l’aide financière aux études (AFE), 46% des répondants s’attendent à être endettés sur une carte de crédit, un prêt bancaire, ou une marge de crédit au terme de leurs études. Alors que les prestations de l’AFE représentent moins de 20% des sources totales de rémunérations des étudiants, l’argent gagné en travaillant en représente 55%. Le travail rémunéré est ainsi la première source de revenus des universitaires de premier cycle. Plus du quart des étudiants affirment travailler au-delà du cap des 20 heures hebdomadaires, ce qui, selon la FEUQ, les amènerait souvent à délaisser leurs études, voire à les abandonner.
Bien que les prêts octroyés par le gouvernement se basent en grande partie sur le revenu des parents, la contribution parentale représente seulement 22% du financement total. De plus, près de 4 étudiants sur 10 ne reçoivent pas un sous de leur famille. Louis-Philippe Savoie, président de la FEUQ, ne met pas la faute sur les parents mais, selon lui, ces derniers n’ont pas toujours les moyens de supporter leurs enfants financièrement durant leurs études.
«La dette moyenne à la sortie du baccalauréat est de 14 000 $, et est le lot de 60 % des étudiants», avance le président de la Fédération. Selon Simon Tremblay Peppin, chercheur pour la firme de recherche socio-économique (IRIS), la situation des étudiants s’inscrit dans une tendance à l’endettement des Québécois. La situation en éducation serait toutefois particulière. «Dans l’état actuel des choses, en projetant d’augmenter les frais de scolarité, le gouvernement fait clairement un choix: accepter d’avoir une population moins éduquée, puisque bien des étudiants ne pourront plus supporter le fardeau financier qui vient avec leurs études», affirme le chercheur.
La FEUQ souhaite que la ministre de l’Éducation Line Beauchamp reconnaisse la précarité financière des étudiants afin de bonifier l’Aide financière aux étudiants plutôt que de hausser les droits de scolarité. «Les résultats de l’étude sont précis et scientifiquement valables. La FEUQ sera en mesure de se baser sur des faits concrets pour revendiquer son opposition à l’augmentation des frais prévue par le gouvernement», a déclaré Louis-Philippe Savoie. La Fédération participera à la Rencontre des partenaires en éducation organisée pour le 6 décembre prochain. La FEUQ utilisera les conclusions de son étude afin de réitérer ses demandes de gel des frais de scolarité à la ministre.
L’étude, la plus vaste jamais menée sur le sujet selon la FEUQ, a été menée auprès d’étudiants de 14 établissements d’enseignement universitaires québécois. Elle exclut l’Université McGill, la Faculté d’éducation permanente de l’Université de Montréal et les Hautes études commerciales (HEC) qui n’ont fourni aucune liste d’étudiants à sonder à Léger Marketing. La marge d’erreur est de 3%, 19 fois sur 20.
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