L’UQAM est débarrassée de l’Îlot voyageur. Le gouvernement, via la Société immobilière du Québec (SIQ), a racheté tous les actifs du pavillon inachevé. Cet achat brise les contrats qui liaient financièrement l’Université à son partenaire Busac. Un boulet en moins, se réjouit l’UQAM. Un potentiel à rentabiliser, croit le ministère des Finances du Québec.
«L’important, c’était de libérer l’UQAM de ses entraves financières et contractuelles», dit Catherine Poulin, attachée de presse du ministre des Finances du Québec. En achetant l’Îlot voyageur, Québec n’a pas donné d’argent directement à l’Université, mais elle a rompu des contrats qui obligeaient l’UQAM à verser plusieurs millions à Busac, en loyer notamment. À l’heure actuelle, l’Université n’aura plus rien à débourser à l’entreprise et n’est plus légalement responsable de l’Îlot voyageur.
Le gouvernement a assuré en 2007 que l’UQAM ne subirait pas les conséquences financières de l’Îlot voyageur. Un an plus tard, Québec plaçait 200 millions de dollars en fiducie pour éponger les frais engendrés par le projet immobilier. Ce compte surveillé n’est pas épuisé et sert pour l’instant à régler des frais corollaires déjà enclenchés.
Les contrats annulés stipulaient qu’à la fin des travaux, l’UQAM allait acquérir les futurs stationnements et résidences construits par Busac. Le terminus d’autocars, le pavillon universitaire et la tour à bureaux devenaient propriétés de l’Université après trente ans de loyer payées à Busac. «L’UQAM avait un engagement selon lequel elle deviendrait propriétaire, mais elle ne l’a jamais été parce que la construction n’a jamais été terminée», explique Monique Goyette, vice-rectrice aux affaires administratives et financières.
Saga financière
À sa conception en 2005, l’Îlot voyageur prévoyait abriter bureaux, résidences étudiantes, stationnements et salles de classe. À cause de l’explosion des coûts, le chantier à l’angle des rues Berri et Maisonneuve a été abandonné en 2007. Le Vérificateur général du Québec a ensuite critiqué les analyses de rentabilité irréalistes, le suivi déficient et les informations inexactes qui ont menés aux déboires financiers du projet.
L’Îlot voyageur «a valu à l’UQAM une réputation de mauvaise gestion. Ça pesait sur l’avenir de l’université à cause des obligations à long terme», déclare Claude Corbo, recteur de l’Université. Bien qu’il affirme que la vie académique n’en ait pas souffert, il considère cet épisode comme un «catalogue d’erreurs à ne pas refaire».
Citant des études indépendantes, la SIQ considère qu’il est «correct» d’avoir déboursé 20 millions pour ces bâtiments. Il s’agit du prix du marché, même que «selon l’évaluation municipale, ces infrastructures valent 40 millions», explique le porte-parole de la Société immobilière du Québec, Martin Roy. À ces 20 millions versés à Busac s’ajoutent 25,5 millions pour l’achat des activités d’opération de la station centrale d’autobus. La gare déménagera dans l’Îlot voyageur lorsqu’il sera en état de la recevoir. Rien n’est encore prévu pour les étages supérieurs.
La SIQ rénovera, reconstruira ou vendra? Rien n’est décidé. Le projet retenu «devra rentabiliser l’achat de 45,5 millions de dollars», précise Martin Roy. Toutefois, plusieurs détails restent à déterminer. Sans murs, les étages supérieurs en béton sont laissés à l’abandon depuis trois ans. Mais selon le porte-parole, ce matériel a une grande espérance de vie. «On n’est pas rendu à une étape où ça pose problème», ajoute-t-il. Aucune inspection complète des bâtiments n’a toutefois été faite par la SIQ avant l’achat. Et Montréal Campus n’a pas eu accès aux anciennes études réalisées par l’UQAM sur l’état des lieux.
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