Frais de scolarité: de 1989 à aujourd’hui

Le gouvernement du Québec et les regroupements étudiants de la Province doivent se rencontrer cet automne lors d’un forum spécial à propos de la hausse des frais de scolarité. Pour mieux comprendre les enjeux de ce dossier, Montréal Campus vous propose un petit retour historique à propos de votre facture étudiante.


Dans le cycle médiatique, la hausse des frais de scolarité n’est pas qu’un sujet ponctuel. Ces dernières décennies, les étudiants ont eu fort à faire avec l’addition de plus en plus salée des universités. Si l’actuelle augmentation des frais est d’environ 100 dollars par année depuis 2008, la génération d’universitaires de 1989 à 1993 a eu moins de chance dans son malheur. Sa facture avait grimpé de 230% en 4 ans…

C’est après cette violente hausse qu’un gel des frais est instauré en 1994 pour soulager les portefeuilles étudiants. Le Parti Québécois tentera d’écourter la mesure en 1996, mais se ravisera rapidement face à la grogne.

Ainsi, pendant près de treize années, le prix d’un crédit universitaire est resté à 55,61 $. Les étudiants québécois bénéficiaient alors des études les plus abordables au Canada, tout comme aujourd’hui. Toutefois, pour les regroupements étudiants, le gel des factures étudiantes n’a pas été respecté. Les frais afférents des différentes universités ont beaucoup augmenté sur la même période.

Le dégel du réchauffement politique

Toutefois, en novembre 2004, les membres du Parti libéral du Québec adoptent une motion pour une plus grande participation des étudiants dans le financement des universités. Les établissements sont effectivement dans le rouge. La donne change dès lors et le gouvernement de Jean Charest annonce des changements en ce sens dans un éventuel second mandat.

Les recteurs se divisent alors en deux camps. Le président de l’Université du Québec, Pierre Moreau, s’insurge et souhaiterait plutôt un réinvestissement public. Selon lui, la mesure frappera de plein fouet les 40% d’étudiants issus de milieux à faibles revenus qui composent les programmes de premier cycle de son réseau. De son côté, la principale(?) de l’Université McGill, Heather Munroe-Blum, souhaite que le tarif des études devienne la responsabilité des établissements.

Le bonheur est dans le prêt

En 2005, le gouvernement libéral modifie le régime d’Aide financière aux études (AFE) et transforme 103 millions de dollars de bourses en prêts. Le Québec connait alors sa première grève étudiante depuis 1996. Après plus d’un mois et demi d’une mobilisation historique, les étudiants en arrivent à une entente de principe avec le ministère de l’Éducation, des loisirs et du sport: 482 millions de dollars de prêts de l’AFE seront réinvestis en bourses.

Malgré tout, Jean Charest mise sur la continuité pour les élections de 2007. Sa plateforme électorale prévoit un dégel progressif des frais de scolarité. Une fois élu, tout est mis en place. Les étudiants paieront chaque session 50$ de plus que la précédente et ce, jusqu’en 2012. Les associations étudiantes s’indignent de la mesure et craignent que la hausse des frais ne dégrade l’accessibilité aux études.

L’Université McGill va même plus loin. En septembre 2009, l’administration annonce que son programme de MBA coûtera désormais 30 000$ au lieu de 1700$ et ce, au nez de la ministre de l’Éducation de l’époque, Michelle Courchesne. Augmentant ses tarifs pour combler au déficit du programme, l’Université précisait que son diplôme de renommée internationale restait toutefois plus abordable que celui d’Harvard (110 000$).

Sky is the limit

En février 2010, seize personnalités font une sortie médiatique en faveur d’un Pacte pour un financement concurrentiel de nos universités. Avec l’ancien premier Ministre Lucien Bouchard en tête, d’ancien recteurs et dirigeants de mouvements étudiants ainsi que diverses personnalités du monde des affaires souhaitent que 85% des étudiants paient 2000$ de plus sur 3 ans. Ils proposent également que les augmentations soient modulées en fonction du futur salaire de l’étudiant, selon son domaine d’étude.

C’est alors que le ministre des Finances, Raymond Baychand, annonce dans son budget de mars 2010 que le dégel des frais de scolarité se poursuivra après 2012. D’après le ministre, les étudiants québécois ne paient que 13% du prix de leur formation à l’université alors que leur contribution grimpe jusqu’à 23% dans d’autres provinces. Bien que les étudiants auront déjà subi une hausse de 30% de leur facture, de nouvelles mesures seront décidés lors un forum spécial cet automne avec l’actuel ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, et les acteurs du milieu universitaire.

 

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