Entrevue unique pour les futurs médecins
Cette année, les Facultés de médecine de l’Université Laval, de Montréal et celle de Sherbrooke fusionneront leur processus d’entrevue. Le nouveau concept, appelé Mini entrevues multiples (MEM), servira à sélectionner les futurs médecins provenant des niveaux collégial et universitaire.
Les neuf portes closes des MEM cachent huit épreuves ainsi qu’une courte entrevue. Le candidat doit réagir en huit minutes à une mise en situation déstabilisante. Exemple : C’est votre première journée au cégep. Dans le stationnement, vous emboutissez la voiture du directeur général en vous garant. Que faites-vous?
Près de 1 200 candidats seront convoqués aux MEM cette année. Ces simulations en temps réel permettront de juger des qualités des étudiants au-delà de leurs résultats scolaires. «Le candidat sera évalué sur des critères comme le contrôle de ses émotions, le jugement, l’altruisme, la gestion du stress. Le but est d’évaluer leurs compétences sur le plan humain plutôt que professionnel», indique le conseiller à la gestion des études de la Faculté de médecine de l’Université Laval, Guy Labrecque.
Le président de la Fédération des médecins étudiants du Québec (FMEQ), Marc Beltempo, voit l’arrivée des MEM d’un bon œil. «Les possibilités sont infinies. Le scénario peut être modifié/ chaque année afin de rechercher des qualités et des comportements en fonction de la demande. Par exemple, nous pourrions ajouter des mises en situation ciblant des médecins de famille ou d’autres spécialistes», décrit le finissant à l’Université de Montréal.
Guichet unique
Les procédures d’entrevue des candidats seront gérées collectivement par les universités. «Pourquoi les faire chacun de son côté? Il y aurait évidemment une perte de temps et d’argent», explique le président du comité d’admission de la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, Daniel J. Côté.
Les candidats passeront les MEM à un seul endroit (Montréal, Québec ou Sherbrooke) et une seule fois. Une seule chance de rafler l’une des 600 places disponibles en médecine. «C’est moins de déplacements et de temps, mais aussi beaucoup plus de stress pour les candidats. Ils n’ont qu’une seule chance», résume Marc Beltempo.
Finissant au Collège Gérald-Godin, David Bélisle souhaite ardemment rejoindre les rangs des futurs médecins. Malgré son dossier scolaire impeccable, l’étudiant est nerveux devant l’épreuve des MEM : «C’est sûr que c’est beaucoup plus stressant, il faudra réussir du premier coup». Sa principale crainte est l’absence de préparation lors des mises en situation. «J’aimerais savoir d’avance à quoi m’attendre. C’est quand même ta carrière que tu joues et le résultat n’est même pas entre tes mains», s’inquiète l’étudiant.
Le conseiller en information scolaire et professionnelle du Cégep de Sainte-Foy, Louis-Philippe L’Homme, se veut toutefois rassurant. «Il faut comprendre que les MEM ne sont qu’une procédure parmi tout le processus d’admission. Un candidat sur neuf est accepté. Peu importe la formule d’évaluation, cette statistique reste la même.»
Pour l’année 2009, les Universités Laval et de Montréal recevront chacune 500 candidats, tandis que Sherbrooke en accueillera 200. Les résultats des MEM seront ensuite acheminés à chaque faculté, qui cumulera les résultats obtenus.
Frais triplés
Malgré la centralisation des évaluations, les candidats devront payer des frais de 100 dollars par université pour participer aux MEM. Auparavant, les épreuves de sélection de l’Universités Laval et de Sherbrooke étaient gratuites. «Si un candidat est invité à passer les MEM par les trois universités, il devra payer 300 dollars, sans compter les frais d’admission, et cela sans même savoir s’il sera accepté. En somme, les candidats paient plus pour avoir moins de chances d’entrer en médecine», dénonce Marc Beltempo. La FMEQ suggère plutôt un paiement de 150$.
Pour justifier ces frais supplémentaires, les universités invoquent les coûts administratifs reliés à l’emploi de nouveaux évaluateurs. «Ceux-ci peuvent être des médecins cliniciens, des étudiants en résidence, des professeurs et même des membres de la communauté», explique Guy Labrecque. Pourtant, par le passé, ces personnes s’impliquaient de façon bénévole. «On demande du temps à des gens très occupés. C’est normal de les rémunérer», croit le docteur Daniel J. Côté.
Pourtant, les modifications sont minimes à la Faculté de médecine de l’Université Laval. «Ce n’est pas un gros changement, plus une progression logique», confirme Guy Labrecque. La situation est la même pour l’Université de Montréal, où les MEM remplaceront les entrevues traditionnelles. Des frais de 100$ étaient d’ailleurs déjà demandés aux candidats participants aux épreuves de sélection.
À l’Université de Sherbrooke, ce sera la première fois que l’évaluation est réalisée sous forme d’entrevue. Les coûts requis pour l’implantation de ces mises en situation sont élevés. «Pour les tests d’aptitude, il nous fallait seulement fournir papier, crayon et deux ou trois surveillants. Pour les MEM, il faut former de nouveaux évaluateurs et les rémunérer», justifie Daniel J. Côté.
Laisser un commentaire