Sur son album Clocked, sorti aujourd’hui, l’artiste multi-instrumentiste Farley trace un lien immanquable entre ambiance et musique: il nous invite à explorer avec lui l’atmosphère de ses séances musicales au rythme funk, électronique et même un peu jazzé. En résulte une conversation intime entre Farley et l’auditoire.
Changez les couleurs de l’éclairage et il vous fera danser. Atténuez les lumières et il vous romancera. « Les deux chansons romantiques sur l’album, Abyss et Undone, sont celles pour lesquelles j’ai diminué les lumières. Pour les autres chansons plus dance je mettrais des lumières multicolores », explique Farley dans une entrevue accordée au Montréal Campus.
Une mise en scène visuelle qui permet d’observer son processus créatif et d’y apercevoir une profonde sincérité. Le style musical de l’artiste découle ainsi de l’atmosphère et l’espace autour de lui qui influencent son état d’esprit.
Inspirations variées
Avec cet album, dont il a entrepris la création en janvier dernier, Farley cherche à réinjecter la chaleur qu’il juge manquante dans la musique populaire. Une absence tant du côté lyrique que du côté musical et un objectif qu’il atteint élégamment sur chaque chanson de l’album. Il insiste sur le fait que la musique devrait représenter une porte entrouverte sur la conscience d’un artiste.
L’artiste ajoute qu’un lyrisme honnête demeure primordial à une connexion forte entre le créateur ou la créatrice et l’auditoire.« Ce que je veux c’est avoir une conversation avec les personnes qui écoutent mes chansons. Je veux qu’ils apprennent à me connaître par ma musique. », affirme-t-il.
Ce sont des artistes tels que Patrick Watson et Jordan Rakei, avec leur tendance à utiliser les voix de leurs collaborateurs et de leurs collaboratrices comme instruments additionnels, qui l’ont grandement influencé dans cette entreprise.
Malgré le regard intime que ses paroles nous accordent sur ses pensées, la voix est pour Farley d’abord et avant tout une texture supplémentaire à juxtaposer à ses mélodies. Un processus qui rend sa musique plus dense et captivante.
Aspirer à la liberté de création
Clocked met en évidence le désir de Farley de présenter à son auditoire une offrande musicale libre de contraintes. Il crédite son amour du rap qui rend sa musique plus chaleureuse que la musique populaire qu’il juge contemporaine. « Étant jeune, je suis vraiment entré dans le monde du rap West Coast » , affirme l’artiste montréalais. L’affection de Farley pour ce genre musical est évidente dans ses compositions, particulièrement dans Lift Off et Treat Yourself.
Il confirme avoir été influencé par le hip-hop de Dr. Dre sur The Chronic. Considéré comme une véritable marque historique dans l’évolution du hip-hop, The Chronic a amorcé un retour à l’instrumentation en temps réel chez les compositeurs. Il s’agit évidemment d’une étape évolutive dans l’histoire du hip-hop ayant joué un rôle essentiel dans l’identité musicale de Farley. L’artiste voue une importance primordiale au son franc uniquement obtenu par la création instrumentale plutôt qu’électronique.
Ses expériences de bassiste pour les groupes The Liquor et Jazzamboka lui ont inculqué la nécessité de sortir des sentiers battus. Il s’efforce donc dans cet album solo d’affirmer son autonomie artistique et de graver son identité musicale sur la toile musicale montréalaise. Son public saura reconnaître dans Where is Home les rythmes africains de Jazzamboka, mais il saura également identifier le son rétro de The Liquor dans Weird Alley.
Dépourvu de rythmes pressants, Clocked est un album dont l’écoute se doit de se faire tranquillement et attentivement. Il s’agit d’une réussite artistique prêchant la variété instrumentale ainsi que l’agencement fortuit de styles musicaux différents.
Les voix de ses collaborateurs et collaboratrices se greffent aux accords de Farley pour intimer à l’auditoire une ouverture sur des rythmes nouveaux et une instrumentation qui lui est propre, sur un son montréalais authentique.
Crédit photo Félix Bouchard Tremblay
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