Que ce soit dans la presse écrite, à la télévision ou à la radio, les experts et les expertes du domaine scientifique sont devenu(e)s des intervenants et des intervenantes indispensables pour les journalistes depuis la pandémie. Pour des membres du corps professoral de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), cette implication représente un élément fondamental de leur rôle, mais surtout un moyen de contribuer positivement à la société.
Au début de la crise sanitaire, le professeur au Département de sciences biologiques de l’UQAM Benoit Barbeau a pris le « risque » d’ajouter son nom, comme quelques un(e)s de ses collègues, à la liste de professionnel(le)s de l’UQAM pouvant être contacté(e)s par les médias. Cette décision a créé un effet « boule de neige », constate le professeur. Depuis, différent(e)s journalistes l’interpellent fréquemment pour commenter les derniers développements liés à la COVID-19.
Il y a un an, alors que commençait la pandémie, M. Barbeau ne croyait pas qu’il s’impliquerait à ce point dans la sphère médiatique. « Ça m’a un peu déstabilisé », admet-il. Le professeur rappelle que, comme tout le monde, il a lui aussi vécu la pandémie et ses répercussions. Il voit sa nouvelle réalité de façon positive. « J’ai été capable de m’adapter [dans mon travail] pour changer comment je contribue à la société », souligne-t-il.
« En recherche, on est souvent dans notre laboratoire. On ne participe pas à la discussion qui a lieu dans le grand public. Ce n’est pas une sphère dans laquelle on se sent utile ou qui nous interpelle », constate M. Barbeau. Il reconnaît que cet élément nouveau de son travail est un « élément positif de la pandémie ».
Faire briller l’Université
L’immunologue et professeure au Département des sciences biologiques de l’UQAM Tatiana Scorza croit que répondre aux médias est un « devoir » qu’elle partage avec ses collègues. Elle ajoute qu’ « on est en moment de crise, […] il faut qu’on s’exprime pour pouvoir donner notre point de vue et [pour] rassurer les gens ». La professeure est aussi couramment contactée par divers médias pour commenter les derniers développements de la pandémie. Mme Scorza voit aussi le but de faire rayonner l’Université comme une « responsabilité ».
La professeure au Département de psychologie Pascale Brillon, experte sur la résilience, l’anxiété et le choc post-traumatique, abonde dans le même sens. « C’est toujours stressant parce qu’on veut être à la hauteur de l’Université. On veut que nos collègues trouvent qu’on fait bien ça, être à la hauteur de notre mandat. Je prends ça très à cœur de représenter l’UQAM dignement », précise-t-elle.
Contrer la désinformation
« C’est important de pouvoir participer et informer le public de la manière la plus simple possible », estime Tatiana Scorza. Selon l’immunologue, partager ses connaissances avec les autres est une partie intégrale de son rôle de chercheuse. « Il y a tellement de fausses informations qui circulent [sur Internet] et qui peuvent être nuisibles », se désole-t-elle.
C’est un avis que partage aussi Benoit Barbeau. « Tout ce qui est désinformation et réseaux, c’est une facette néfaste de ce qui a été réalisé en un temps record pour contrôler la pandémie », pense le professeur. Selon lui, il est primordial que les chercheurs et les chercheuses aient une tribune pour démystifier les bonnes et les mauvaises informations qui circulent.
« C’est important que les gens sachent qu’il y a des propos qui se veulent très alarmistes qui ne sont pas justes et corrects », spécifie M. Barbeau. Ayant une expertise en virologie, soit l’étude des virus, il est souvent sollicité par des journalistes, notamment à LCN, à QUB radio et par l’équipe des Décrypteurs de Radio-Canada, pour éclairer le public sur la vaccination et, plus récemment, sur les variants. Il souhaite avant tout « rassurer les gens face à leurs inquiétudes » avec ses contributions dans les médias.
Des répercussions personnelles
Pour Pascale Brillon, la vulgarisation dans la presse est une partie importante de son travail. « Ça m’a toujours tenu à cœur, ce rôle de courroie de transmission entre la recherche pure et le terrain clinique », avoue-t-elle. Celle qui a écrit quatre livres, notamment sur le choc post-traumatique et la résilience, juge que « si on fait de la recherche, c’est vraiment pour que ça serve sur le terrain ».
Mme Brillon mentionne que chaque entrevue lui demande un certain temps de préparation afin d’être à la hauteur de l’UQAM et de l’Ordre des psychologues du Québec, dont elle fait partie. De son côté, M. Barbeau affirme que ses implications dans les médias le forcent à être continuellement au courant des derniers développements liés à la COVID-19. « Je dois être sur le qui-vive », explique-t-il.
Mme Brillon tient à cette dimension de son travail. Toutefois, la conciliation travail-famille est devenue « très exigeante » dans la dernière année, où elle a vu son nombre d’entrevues monter en flèche avec la pandémie. M. Barbeau constate que ses nombreuses entrevues, qui montent parfois jusqu’à huit par jour, peuvent occasionnellement agacer sa femme et sa fille. Ce n’est toutefois pas une situation qui nuit au bien-être de sa famille.
M. Barbeau se sent de plus en plus à l’aise à s’exprimer dans les plateformes d’information. Il mentionne avoir parfois des interventions à la radio avec des « animateurs plus intenses » dans leurs questions. « Ce n’est pas agréable quand on essaie de te mettre dans un coin », admet-il. Pour le professeur, la solution est simple : « les remettre à leur place calmement ».
Quant à l’immunologue Tatiana Scorza, elle n’y voit que du positif. « Ça m’apprend à mieux m’exprimer, à ne pas avoir peur [de le faire] », remarque la professeure. Il s’agit d’une expérience gratifiante pour elle, « surtout quand il s’agit de rassurer les gens en panique ».
Mention photo Archives | Montréal Campus
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