Comme presque tous et toutes les universitaires au Québec, j’obtiens mon éducation au travers d’un enseignement à distance, en raison de la COVID-19. Jamais je n’aurais pensé que la fin de mes études se déroulerait de cette manière-là.
Depuis la première année du primaire, j’ai toujours été excité et énervé par la rentrée scolaire. Quel plaisir de revoir ses amis et amies après les vacances d’été, de les prendre dans ses bras et de s’intéresser à ce qu’ils et elles ont fait durant les mois de juillet et d’août!
Toutefois, l’année 2020 fait exception à la règle. Au lieu de me retrouver en plein cœur du pavillon Judith-Jasmin, je me retrouve chez moi, dans ma chambre, devant mon écran d’ordinateur avec des écouteurs dans les oreilles. Plutôt que de me concentrer à 100% sur la matière, je croise les doigts pour que ma connexion internet ne me lâche pas.
Je n’ai aucun plaisir à suivre mes cours et ce, même si la matière est intéressante et captivante. Je n’ai aucun plaisir à entrer dans un cours sur Zoom et voir des caméras fermées, des micros mis en sourdine et une classe remplie d’étudiants et d’étudiantes qui attendent que le cours commence, dans un silence complet. Je n’ai aucun plaisir à vivre des moments d’anxiété et de dépression et d’autres moments de tristesse qui affectent ma santé mentale. Je n’ai aucun plaisir à devoir surmonter de douloureuses migraines provoquées par le nombre astronomique d’heures passées devant mon écran d’ordinateur pour l’école, le travail et mon divertissement personnel.
Je n’ai aucun plaisir à m’imaginer que la fin de mon parcours universitaire et de mes études en général va se conclure de cette façon.
J’essaie de me convaincre que faire tout cela permet d’éviter à plein d’étudiants et d’étudiantes et à moi-même d’être contaminés par la COVID-19. Malgré tout, je me dis que j’aimerais mieux être en classe un jour sur deux, comme les élèves du primaire et du secondaire en ce moment.
Être étudiant universitaire à l’UQAM ne signifie pas juste suivre ses cours et remettre ses travaux à temps, mais également de bénéficier de ce que la communauté uqamienne offre: de nouvelles relations amicales, des activités d’intégration pour les premières années, des soirées de financement pour aider les différents médias étudiants, des partys de fin de session et j’en passe. Tous ces petits moments de plaisir nous permettent de passer au travers de nos sessions chargées. Malheureusement, la COVID-19 nous empêche de vivre tout cela.
Cette réalité fait très mal. Lorsque tu es à la dernière année de ton programme, tu désires profiter de cette vie-là une dernière fois. Lorsque tu es un nouveau membre de cette communauté, tu veux entrer dans le bain le plus rapidement possible.
Plusieurs étudiants et étudiantes universitaires se sentent comme moi en ce moment. Le 17 octobre dernier, 140 d’entre eux et elles ont signé une lettre publiée dans Le Devoir abordant la difficulté de se motiver à étudier dans le contexte actuel. « Nous sommes frappés de découragement. Devrons-nous apprendre à distance, possiblement pendant plusieurs sessions encore, dans l’attente d’un vaccin? Notre motivation à poursuivre nos études universitaires fléchit », pouvait-on y lire.
J’en connais personnellement quelques-un(e)s qui ont même décidé d’abandonner l’entièreté de leurs cours parce qu’ils et elles ne se sentaient pas motivé(e)s à apprendre dans le contexte actuel. L’angoisse et la dépression suscitées par le premier confinement du printemps dernier et le deuxième, que nous vivons actuellement, ont pris le dessus sur leur parcours scolaire. Une étude menée par l’Université de Sherbrooke en septembre 2020 a démontré que, parmi une population québécoise affligée par l’anxiété et la dépression, ce sont les adultes de 18 à 24 ans qui en souffrent le plus (37%).
La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a indiqué lors d’une conférence de presse, le 10 novembre dernier, que certains assouplissements seraient peut-être permis afin que les universitaires puissent avoir plus de cours en présentiel. Espérons qu’ils seront mis en place pour que nous puissions finir cette année d’études inusitée dans une certaine normalité.
Cet article est paru dans l’édition papier du 1er décembre 2020.
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