Alors que le Québec fait face à une pénurie de personnel dans les CHSLD et dans les hôpitaux, de jeunes infirmiers et infirmières encore aux études ont dû apprendre à gérer à la fois leurs obligations professionnelles et universitaires pour espérer obtenir leur diplôme à la fin de cette session.
La majorité des hôpitaux de la grande région de Montréal sont remplis à capacité. Avec le nombre croissant de personnes qui contractent la COVID-19, les autorités sanitaires ont demandé au personnel hospitalier de travailler sans relâche. La demande en médecins, en infirmiers, en infirmières et en préposé(e)s aux bénéficiaires (PAB) a explosé au cours du dernier mois.
Une partie de ceux et celles que le premier ministre du Québec appelle les « anges gardiens » sont des étudiants et des étudiantes qui doivent apprendre à conjuguer leur travail et leurs études en temps de crise.
Travaillant dans une peur constante de contracter la COVID-19, ces futur(e)s diplômé(e)s sont appelé(e)s à aller au front et à rédiger des travaux de plusieurs pages dans chacun de leurs cours. « C’est stressant, car on revient tard à la maison. Ensuite, on doit faire des travaux de 15 à 20 pages par cours, ce n’est pas réaliste », témoignage Audrey Morin, infirmière à l’urgence de la Cité de la santé de Laval et finissante du baccalauréat en sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).
Une demande en augmentation
Que ce soit comme infirmiers, infirmières ou comme PAB, les membres de la communauté étudiante travaillent dans des conditions difficiles en raison de la pandémie. Plusieurs nouveaux patients atteints de la COVID-19 sont admis chaque jour. « Ce sont des cas lourds qui demandent beaucoup de précautions et d’ajustements », mentionne Mme Morin.
Les hôpitaux de la province s’attendent à recevoir plusieurs milliers de patients atteints du virus d’ici les prochaines semaines, explique un document produit par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) le 16 mars dernier. Cette réalité oblige les employeurs à demander plus d’heures de la part des étudiants et des étudiantes. « Ma boss m’appelle chaque semaine pour me demander d’autres journées de disponibilité alors que les cours se poursuivent en ligne à l’UdeM », explique Françoise, infirmière à l’hôpital Sacré-Coeur de Montréal et finissante au baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Montréal (UdeM).
Cette crise affectant particulièrement les personnes de 70 ans et plus oblige aussi les centres d’hébergement et de soins longue durée (CHSLD) à augmenter leurs effectifs, et ce, en passant par le recrutement d’infirmiers et d’infirmières qui travaillent dans des hôpitaux. Ceux et celles ayant moins d’expérience n’ont parfois pas la possibilité de refuser un transfert. « Je me suis fait transférer dans un CHSLD et je n’ai pas mon mot à dire, confie Audrey. C’est un nouvel environnement de travail auquel je ne suis pas habituée et ça ajoute un stress en plus de la fin de session. »
Ne voulant pas sacrifier leur emploi alors que la session d’étude se termine, la conciliation études-travail impose des dilemmes aux infirmiers et aux infirmières « D’un côté, il y a ta volonté et ta conscience professionnelle qui te font sentir que tu devrais être au chevet des malades en ce moment. Puis de l’autre côté, il y a tes obligations académiques à remplir pour atteindre un objectif et décrocher ton diplôme », confie Françoise, divisée.
Le rôle des universités
La crise actuelle force les universités du Québec à prendre des mesures exceptionnelles afin de permettre à tous et à toutes de terminer leur session en ligne. La porte-parole et conseillère principale des relations avec les médias pour l’Université de Montréal, Geneviève O’Meara, explique que plusieurs mesures sont en vigueur pour faciliter la vie des étudiants et des étudiantes, comme le prolongement des périodes d’abandons de cours et des formulaires d’impossibilité de remise de travaux ou d’examens.
En raison du virus, la grande majorité des universités québécoises offrant le programme de sciences infirmières ont dû annuler les stages prévus pour la session d’hiver 2020. Avec cette annulation, le manque de main d’œuvre dans les hôpitaux continue d’être une préoccupation majeure. Mme O’Meara comprend que la situation actuelle force certaines personnes à travailler davantage.
Pour pallier ce problème, les directions de l’UdeM et de l’UQO demandent aux étudiants et étudiantes en difficulté d’en discuter avec une personne-ressource pour ne pas compromettre la réussite de leur session. « Nous avons appelé les étudiants.es de sciences infirmières à parler avec leurs professeurs et leurs responsables de programme, car il y a de l’assouplissement possible dans les circonstances que l’on connaît », explique Geneviève O’Meara.
Malgré ça, des étudiants et des étudiantes se sentent trahi(e)s par les directions universitaires qui n’offrent pas assez de flexibilité aux à ceux et celles travaillant durant leur baccalauréat. « L’Université ne nous écoute pas. Des journées je finis à 17h00, d’autres à minuit et le lendemain je dois rentrer à 8h00. Mes soins et mes travaux ne sont pas optimisés », mentionne Audrey Morin.
Photo William d’Avignon | Montréal Campus
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