Alors que les festivals sont annulés et que les sorties non essentielles sont proscrites dû à la COVID-19, l’industrie de l’art mural qui anime chaque été les rues de Montréal devra s’adapter à de nouvelles contraintes pour la saison estivale 2020.
La métropole du Québec est actuellement colorée de près de 200 oeuvres d’art mural et présente depuis 2012 le festival MURAL, un événement célébrant en mai et en juin l’art urbain de la ville.
« Comme bon nombre d’activités artistiques, l’art mural est en pause dans le contexte de confinement, indique Linda Boutin, relationniste à la Ville de Montréal. Le gouvernement du Québec a par ailleurs demandé l’annulation de tous les événements culturels jusqu’au 31 août. »
Du côté du festival MURAL, l’heure est à l’adaptation afin de présenter des alternatives pour le public et les artistes. « Nous en sommes à repenser à la façon dont nous pouvons produire le festival MURAL, non seulement en respectant toutes les mesures de santé publique et de distanciation sociale, mais aussi en nous tournant vers de nouvelles plateformes nous permettant de mettre le public en contact avec les différentes oeuvres prévues cette année, explique la cheffe aux communications et marketing, Chloé Castonguay. Nous sommes donc en pleine réflexion créative. »
Une ville particulièrement inspirante
En participant au festival MURAL en 2017, l’artiste Ola Volo est « tombée amoureuse de la scène créative » de la ville. « Ça m’a donné une nouvelle perception de ce qu’est l’art aujourd’hui », témoigne-t-elle.
Ayant depuis emménagé à Montréal et créé plusieurs productions murales, notamment au 268 rue Saint-Viateur, Ola Volo s’exprime sur son amour pour ce mode de création. « Ça permet de vivre l’art d’une manière très accessible : c’est gratuit, pas besoin d’aller dans une galerie, tout ce que vous avez à faire c’est d’être là et de le vivre », affirme l’artiste originaire du Kazakhstan qui a grandi à Vancouver.
Toutefois, ses projets d’art mural prévus pour le printemps et l’été à venir sont en suspens. « J’avais un gros projet, ici à Hochelaga, et je ne sais pas si ça va arriver ou pas, s’inquiète l’artiste. Ce n’est évidemment pas une priorité en ce moment pour la ville. »
Des projets possibles en solo?
L’organisme MU, qui présente depuis 2006 une vision de l’art social à Montréal qui vise à développer et à démocratiser l’art local, a réalisé à ce jour plus de 130 différentes murales d’envergure dans les rues de Montréal. La directrice générale et artistique de l’organisme, Elizabeth-Ann Doyle, n’est pas en mesure de déterminer à quel point les activités estivales seront compromises cette année. « On travaille de juillet à septembre, donc selon les mesures de déconfinement, j’imagine que ça devrait être correct », estime-t-elle. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, devrait d’ailleurs présenter sous peu un plan pour la suite des choses et le déroulement des activités estivales de la métropole.
Tout en se pliant aux directives du gouvernement quant à la distanciation sociale, Mme Doyle est optimiste que des projets pourront être réalisés par des artistes travaillant seul(e)s. « Nos chantiers sont toujours sécurisés et clôturés », ajoute-t-elle. « Je pense que c’est totalement gérable d’un point de vue de distanciation sociale, après c’est vraiment le déconfinement qui va déterminer la suite », conclut la directrice de MU.
Mme Castonguay du festival MURAL abonde dans ce sens : « Nous pensons qu’il sera possible de produire des murales de façon sécuritaire, tout en respectant les mesures de santé publique en place. »
L’occasion pour des surprises artistiques
Ola Volo croit que le confinement actuel peut être une occasion pour les artistes concevant habituellement des oeuvres murales d’apprendre de nouvelles pratiques et d’acquérir des habiletés. « Les artistes ont besoin de s’exprimer à travers l’art et comme ils ne peuvent plus le faire à l’extérieur, ils sont confinés dans leur studio », note la Montréalaise. Elle raconte que plusieurs collègues s’adonnent présentement à des procédés et des techniques qu’ils et qu’elles n’avaient auparavant jamais pratiqués. « Je pense qu’il pourrait y avoir une vague très intéressante d’artistes qui ont eu le temps d’expérimenter, estime Mme Volo. Je suis très excitée de voir ce que les gens vont ressortir de leur studio après la crise. En fin de compte, ce ne sera peut-être pas une mauvaise chose pour beaucoup de gens créatifs. »
Photo William d’Avignon | Montréal Campus
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