Monologue entourant diverses questions économiques, historiques, sociales et politiques, le film This Action Lies, réalisé par James N. Kienitz Wilkins et diffusé dans le cadre de la 22e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), présente un plan fixe captivant d’une tasse de café Dunkin’ Donuts.
Le moyen métrage présente une insertion sur un verre de café en styromousse, qui devient fortement porteur de sens pendant les 32 minutes du film. Non seulement la tasse permet en fin de compte de voir beaucoup d’images à travers elle, mais la narration du film encourage chez l’auditoire l’introspection et l’analyse.
James N. Kienitz Wilkins, cinéaste indépendant prolifique basé à New York, met en lumière ce que représente la tasse de café en démontrant que de nombreux éléments sont interconnectés, et le tout se concrétise finalement dans cet objet singulier. Grâce à ce verre en polystyrène, le public explore le mode de production de celui-ci, son histoire et son emballage. En fait, ce gobelet exprime et symbolise la mondialisation.
Tant les anecdotes anodines sur Dunkin’ Donuts que les réflexions philosophiques sur le sens de la vie sont mélangées dans ce film, mais la genèse de toute cette démarche est la tasse de café.
Analysant parfois son propre film avec un regard critique, le narrateur, qui se trouve à être également le cinéaste, effectue même un procédé d’auto-évaluation. Sur un ton autodérisoire, il se met à satiriser la simplicité de son film, la qualité de la pellicule utilisée et ses simples moyens de production.
Faire parler un verre
La tasse de café est filmée depuis trois différents points d’éclairage. À travers les coupures entre ces plans, un changement de rythme quant à la narration s’impose, comme si les sections visuelles représentaient des pauses narratives, et permet au public de digérer l’information.
La sobriété de la tasse de café contraste avec le flux de la pensée diversifiée déployé par le narrateur. Le discours un tantinet paranoïaque, le débit rapide et l’écho ajouté à la voix du cinéaste trentenaire rendent le moyen métrage parfois aliénant et étourdissant. Les idées du narrateur se bousculent, s’imbriquant parfois correctement entre elles, d’autres fois s’enchaînant de manière aléatoire et incohérente.
Chargé en informations et pataugeant entre discours futiles et allégories complexes, This Action Lies ne permet pas au public de déroger de sa concentration.
Par la voie de cette omniprésente tasse à café, l’auditoire retrouve en rétrospective, une symbolique bien plus grande qu’elle le semblait de prime abord. This Action Lies souligne à quel point le film lui-même n’est qu’une représentation du monde. La boucle est bouclée : même les plus simples objets peuvent révéler une immense complexité.
Photo fournie par les RIDM
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