Quelques années après avoir fait partie du groupe Creature, qui a fait agiter grand nombre de hanches montréalaises avec ses chansons rythmées et sucrées, la chanteuse Lisa Moore prend un virage à 180 degrés et récidive avec son nouveau projet, Blood and Glass, fruit d’une collaboration musicale et amoureuse avec Morgan Moore. Portée par la voix de Lisa Moore, riche et pleine de nuances, qui chuchote autant qu’elle s’époumone, la musique de Museum with no Walls se veut à la fois subtile et complexe. Dans un procédé très organique qui n’est pas sans rappeler celui de l’album Medúlla de Björk, la musique de Blood and Glass est souvent mise au premier plan pour donner le ton à la chanteuse, mais sait aussi se faire plus discrète lorsque la voix et le propos deviennent plus intimes.
Si le nom du groupe suggère une opposition entre la chaleur fluide du sang et la froideur rigide du verre, il en va de même pour les sonorités et les textes qui traînent dans une douce épopée alternant entre des moments de naïveté et de lucidité, épousant et mélangeant d’une manière suave et subtile des thèmes et des températures qu’on croirait incompatibles. Cette grande force qu’a Blood and Glass de marier les contraires pourrait aussi être, bien malheureusement, sa plus grande faiblesse. En effet, si les moments plus chaleureux de l’album, comme la savoureuse Sing Dear Queen, peuvent être enchanteurs et rassurants à la manière de la poésie musicale de Patrick Watson, plusieurs autres pièces, comme Inferno et Turning Turning, peinent à trouver un équilibre convenable dans cette dichotomie du chaud et du froid qu’est supposée proposer l’album. Elles ne parviennent pas non plus à attirer des oreilles certes avides d’expérimentation musicale, mais aussi d’un certain sens de la mesure qui aurait pu rendre Museum with no walls si cohérent et mystérieux à la fois.
2,5/5
Museum with no walls, Blood and Glass, Mirror Mirror, sorti le 21 octobre 2014.
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