Une élection de mi-mandat décisive pour l’administration américaine

Les conséquences du scrutin de mi-mandat, prévu le 6 novembre aux États-Unis, auront potentiellement d’importantes répercussions sur le pouvoir décisionnel de la Maison-Blanche ainsi que sur les relations économiques avec le Canada.

La Chaire Raoul-Dandurand a organisé hier une table ronde composée d’experts pour expliquer les enjeux entourant les prochaines élections de mi-mandat américaines. Également appelées midterms, elles sont l’équivalent américain des élections provinciales, fédérales et municipales, si elles avaient toutes lieu au même moment. Sans mettre en jeu le poste du président, les élections de mi-mandat opposent néanmoins le Parti démocrate au Parti républicain dans une lutte pour la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat.

Les conséquences au Canada

Bien que Donald Trump se targue d’avoir conclu une entente commerciale historique avec le Canada dans le cadre de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, l’avenir est encore incertain. En effet, les deux chambres américaines doivent d’abord donner leur accord pour que le nouveau traité puisse entrer en vigueur. « Si les démocrates réussissent à gagner la majorité dans l’une des chambres, ils pourront exiger des concessions sur plusieurs aspects de la nouvelle mouture de l’accord, notamment en environnement ou en droit du travail », explique le titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM Frédérick Gagnon.

Un aspect souvent négligé des midterms est aussi l’élection de certains gouverneurs d’États, qui sont responsables des politiques plus régionales. Près du Québec, les résultats du scrutin pour le gouverneur républicain sortant du Maine, Paul LePage, seront suivis attentivement, selon Frédérick Gagnon.

Dernièrement, M. LePage avait réitéré son appui au considérable projet d’Hydro-Québec de transport d’électricité vers la Nouvelle-Angleterre. Le New England Clean Energy Connect (NECEC), estimé à 950 millions de dollars US, aurait d’importantes retombées économiques d’un côté comme de l’autre de la frontière. Or, il suscite de vives critiques de l’opposition démocrate, notamment sur l’aspect de la beauté du territoire potentiellement gâchée par ces infrastructures.

Éviter l’embarras d’une majorité démocrate

L’importance pour Donald Trump de conserver la majorité dans les deux chambres est capitale. En effet, ces instances législatives disposent de plusieurs droits, comme celui de bloquer la nomination des juges ou de commander des enquêtes publiques.

photo: Félix Lebel Montréal Campus

Le spécialiste en politique américaine et chercheur en résidence à la Chaire Raoul-Dandurand Rafael Jacob décrit cet enjeu comme potentiellement catastrophique pour Donald Trump. « Dans l’éventualité où les démocrates prennent le contrôle d’une des chambres et qu’ils commencent à mener une enquête sur la famille du président, ses entreprises ou son administration, ils pourront faire venir n’importe qui pour témoigner et trouver des squelettes dans le placard », a expliqué M. Jacob lors de la table ronde d’hier.

La possibilité que les démocrates bloquent systématiquement le programme législatif de l’administration Trump est aussi bien présente, mais encore faut-il que « les démocrates fassent des gains, qui semblent plus difficiles cette année », selon la chercheuse en résidence à la Chair Raoul-Dandurand Julie-Pier Nadeau.

Selon Mme Nadeau, même si Donald Trump est vivement critiqué, il dispose d’une base électorale très solide qui se déplace généralement pour voter. Le taux de participation, souvent beaucoup plus bas pour les élections de mi-mandat que pour les élections présidentielles, n’avantage pas le camp démocrate, qui ne dispose pas d’une base aussi solide que celle de son adversaire.

photo: AUDREY BONAQUE MONTRÉAL CAMPUS

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