Une politique à l’UQAM pour les étudiants autodidactes ?

À l’ère des cours, des vidéos et des bibliothèques en ligne, un génie de l’informatique autodidacte ou une amoureuse d’histoire antique peuvent-ils se faire créditer un cours et même obtenir un diplôme sans être passés par les bancs de l’université? Quatre universités québécoises ont une politique claire sur la question. Portrait d’une pratique méconnue au Québec.

L’Université Sherbrooke, l’Université Laval ainsi que les universités du Québec à Trois-Rivières et Chicoutimi possèdent toutes une politique sur l’autodidaxie. À l’UQAM, la situation diffère : seuls l’article 6 du Règlement des études de premier cycle et l’article 5 du Règlement des études supérieures l’autorisent, quel que soit le cycle d’études.

Cette année, l’UQAM lancera une discussion avec toute la communauté uqamienne sur la possible création d’une politique de reconnaissance d’acquis, a confié le directeur des dossiers universitaires au registrariat, Stéphan Tobin.  

Les règlements encadrent les étudiants et les professeurs, alors que les politiques universitaires mettent de l’avant les valeurs de l’établissement sur des sujets comme les relations interethniques ou la propriété intellectuelle.

Une pratique hors-norme

« J’ai fait des études par moi-même en dehors de l’université, mais la possibilité de le faire reconnaître, c’est une autre paire de manches », raconte Francis Beauchamp-Goyette, chargé de recherche au Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Lui-même a étudié l’histoire de façon autonome avant d’amorcer son baccalauréat, sans penser à réclamer quelques crédits pour ses acquis. C’est plus tard, en tant que chercheur à l’Université de Montréal, qu’il a constaté que peu d’établissements offraient explicitement de faire reconnaître des acquis extrascolaires et que les chances d’y parvenir étaient minces.

Cependant, il n’y a pas de quoi se décourager. « Ce n’est pas parce que ce n’est pas écrit que la porte est fermée », nuance-t-il.

Les règlements de l’UQAM stipulent que les connaissances acquises par expérience professionnelle ou la pratique d’une activité doivent être décrites en détail dans un dossier. Les directions de programme prennent ensuite la décision de créditer ou non les acquis de l’étudiant autodidacte. Ce dernier devra payer 30$ à l’université pour chaque cours crédité.

Dans son mémoire, Francis Beauchamp-Goyette note l’UQAM d’un 63% sur son potentiel de reconnaissance d’acquis, qualifié de « modéré ». Elle se situe au cinquième rang. Les universités Laval et Sherbrooke figurent en tête de liste avec une note parfaite de 100%*.

Certaines directions de programme démontrent une plus grande ouverture que d’autres, avoue Stéphan Tobin. Le baccalauréat d’enseignement en formation professionnelle et technique, par exemple, accorde de 15 à 30 crédits aux étudiants titulaires d’un diplôme d’études collégiales ou professionnelles et sous présentation d’un portfolio. Pour sa part, l’École des sciences de la gestion peut accorder jusqu’à 24 crédits à ses étudiants dans la majorité des baccalauréats.

Selon M. Tobin, la discussion sur la création d’une politique de reconnaissance des acquis à l’UQAM « [servirait] autant à sensibiliser le corps professoral que les étudiants. »

Si cette pratique demeure très marginale, les ressources d’autoapprentissage sont de plus en plus accessibles, même auprès des universités. Depuis 2001, le Massachusetts Institute of Technology offre gratuitement 2400 cours sur son site MIT OpenCourseWare. Un autre site Web, Skillshare, propose à des professionnels de donner des cours sous forme de vidéo aux plus de 4 millions d’étudiants abonnés à la plateforme. « Apprendre, ce n’est pas difficile. Il suffit d’un peu de discipline, d’un peu de volonté, et tout le monde peut apprendre à peu près tout », estime Francis Beauchamp-Goyette.

*Méthodologie: la note accordée aux universités est basée sur plusieurs critères, dont un dispositif de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) extrascolaires et des politiques interne et institutionnelle.

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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