Cuba à travers le choc des cultures et des personnalités

Les rapports humains et la confrontation, d’une société à une autre et d’un individu à un autre, sont brillamment exploités dans le film Cuba Merci Gracias, le premier long métrage de fiction d’Alex B. Martin.

Le diplômé de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, qui jusqu’à maintenant a travaillé plutôt sur des courts métrages, des documentaires et des projets destinés à la télévision, a réalisé, filmé et monté entièrement son dernier long métrage. Produit de façon indépendante et conçu sur une période de trois ans, le film découle d’un long processus. « Par moment, ça a été difficile de tout faire tout seul, mais ça a également été une source de beaucoup d’apprentissages et de belles rencontres », raconte le réalisateur, qui trouve également important de « laisser le temps au film de se bâtir lui-même ».

Présenté en première mondiale au Festival du nouveau cinéma hier, Cuba Merci Gracias transporte le spectateur à La Havane avec les deux protagonistes, Manu (Marie-Emmanuelle Boileau) et Alexa-Jeanne (Alexa-Jeanne Dubé), deux amies qui, au fil de leur voyage, vont en apprendre autant sur le monde les entourant que sur elles-mêmes.

Alternant entre les journées rythmées par le mouvement des vagues et les nuits à se perdre dans les rues bondées de La Havane, le film dépeint un portrait délicat des rapports humains.

La proximité comme outil créatif

Le long-métrage utilise l’approche du cinéma invisible, c’est-à-dire d’oublier rapidement qu’il y a quelqu’un derrière la caméra et de laisser toute la place au jeu des acteurs. « On [les actrices et moi] a passé le voyage ensemble, on dormait dans la même chambre. Ça a permis un espèce de huis clos sur leur amitié, et c’est ce qui donne cette sensation d’intimité », avance le réalisateur.

C’est cette technique particulière qui permet de rendre avec justesse l’intimité souvent poétique de la relation mouvante des deux jeunes femmes. Les gros plans, qui mettent souvent certaines parties du corps en valeur, et les plans larges et contemplatifs d’un Cuba au rythme lent et suave se succèdent sur une trame de dialogues espagnols et de musique latine.

Le calme insufflé par les images est traversé par le dynamisme des dialogues, qui sont d’une spontanéité déconcertante. « On a créé des canevas d’improvisation inspirés de situations de voyage, que les filles ont utilisé comme répliques, explique Alex B. Martin. On avait donc déjà une idée de ce qu’allaient être les dialogues, sans vraiment savoir ce que ça allait donner comme résultat final. »

Des confrontations nécessaires

Si l’histoire permet une intrusion discrète dans des moments de douceur humaine, elle dépeint également habilement les moments de tensions presque inévitables qui surviennent lorsque deux personnes partagent un quotidien en voyage.

Un troisième personnage vient d’ailleurs s’interposer entre les deux amies : Cuba lui-même, sous la forme de multiples visages croisés tout au long de leur périple. En passant de la propriétaire de leur gîte aux enfants jouant dans la rue et aux hommes rencontrés dans les bars, chaque rencontre va enrichir leur voyage et leur apporter une nouvelle compréhension des choses. C’est d’ailleurs ce troisième personnage qui permet aux deux protagonistes de se trouver, à l’image de la dynamique d’un trio d’amis où les frictions deviennent impossibles à éviter. Les confrontations vont permettre de changer la relation des deux jeunes femmes de forme à travers le film, chacune découvrant la vraie nature de l’autre.

Cuba Merci Gracias sera présenté le lundi 8 octobre et le dimanche 14 octobre au cinéma Cineplex Odeon du Quartier latin dans le cadre du Festival du nouveau cinéma.

photo: COURTOISIE MAESTRO FILMS

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