Vendre sa chemise pour se payer un défilé

Étudiante à l’UQAM en design de mode, Fanny Capuano lançait hier soir sa collection automne-hiver 2018, Luna. La designer présentait un événement ouvert au grand public, un type de défilé comportant des défis tels que la charge de travail et les coûts impliqués.

Tout près de 200 personnes assistaient au lancement qui se tenait au Bain Mathieu, une ancienne piscine reconvertie en salle de réception. Bien que l’assistance était au rendez-vous samedi soir, seulement 72 personnes avaient confirmé leur présence trois semaines avant le grand soir. « Habituellement, pour moi, […] la salle se paye avec les billets, partage Fanny Capuano. Mon stress, c’est vraiment de [la] remplir. »  Celle-ci ajoute que la salle, les mannequins, le maquillage, la coiffure et le personnel résultent en des dépenses élevées pour elle.

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L’enjeu majeur réside donc principalement dans les coûts de production et la rentabilité, estime le professeur à l’École supérieure de mode à l’UQAM Luca Marchetti. Il observe d’ailleurs que les défilés de mode subissent une baisse de popularité à Montréal. « Le marché actuel permet une série de possibilités alternatives [afin] de médiatiser son travail, croit l’enseignant. [Celles-ci sont] souvent plus compatibles avec […] les attentes esthétiques du public. » C’est ce qui, par exemple, peut se traduire par « une présentation stratégiquement adaptée aux réseaux sociaux », selon lui.

Les défilés de mode : encore pertinents ?

L’étudiante en commerce de mode à l’UQAM, Lio Taniyama, fait aussi face à ces défis, inhérents à la mise en œuvre de tels événements. Celle qui a cofondé il y a deux ans la compagnie de vêtements Velvet Couture cumule aussi plusieurs défilés de mode. « Avec les nouvelles technologies, c’est parfois plus pertinent de faire des fashion movies », soit des capsules vidéo de quelques minutes, estime celle qui a aussi étudié avec Fanny Capuano au Collège LaSalle de 2014 à 2017.

Malgré son intérêt pour la production de contenu promotionnel vidéo, elle évalue la forme coûteuse et moins satisfaisante. « Personnellement, je trouve ça vraiment le fun les défilés, plus que de téléverser [une] vidéo sur internet, poursuit-elle. C’est un événement festif après avoir travaillé fort [et] longtemps. C’est ton petit moment de gloire. »

Fanny Capuano considère encore ce genre d’événement stimulant pour quelqu’un qui travaille dans le milieu de la mode. « Je pense que se déplacer, faire partie de l’expérience et [vivre] l’ambiance [lors de] de l’événement n’est pas quelque chose qui peut être recréé sur une photo, du moins pas au même niveau », partage celle qui orchestre des défilés de mode depuis l’âge de 15 ans.

Lancement sous une autre forme

En raison des difficultés de rentabilité, le prochain lancement de l’entreprise F. Capuano devra toutefois prendre une autre forme, soit celle d’un « après-midi magasinage avec un styliste » comportant un mini défilé privé.

L’artiste souhaite miser davantage sur les événements privés et de plus petite envergure qui visent à attirer les clients VIP, soit ceux inscrits à son infolettre. De cette manière, elle tend à rejoindre sa clientèle cible, qui possède les moyens financiers suffisants et qui se montre réellement intéressée à acheter ses produits. « Ça ne veut pas dire que je ne referai pas de défilé, parce que j’aime en faire, mais pour le moment, je veux essayer autre chose », explique-t-elle.

« C’est un milieu difficile, mais ce sont des gens passionnés qui en font partie », a tenu à rappeler la designer à l’honneur.

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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