Le comité de révision de la Politique 16 remplacé dans « une opacité incroyable »

Certains groupes uqamiens se sont fait montrer la porte du comité de révision de la Politique 16 pour prévenir les violences à caractère sexuel, qui devait être remanié pour être conforme à la loi. La haute direction de l’UQAM a pris les places laissées vacantes.

Lors d’une rencontre du conseil d’administration de l’UQAM à la fin du mois d’octobre, le comité qui travaille sur la politique depuis deux ans est passé de vingt à sept membres. Deux nouvelles personnes ont été récemment ajoutées.

« Le problème [avec le comité] était qu’il n’était pas conforme à la nouvelle loi en matière de violences sexuelles dans les établissements d’enseignement supérieur. Il aurait dû inclure des “dirigeant.e.s”, ce qui n’était pas le cas, explique la responsable des communications du Syndicat des étudiants et étudiantes employé-e-s de l’UQAM (SÉTUE) Florie Dumas-Kemp. Cependant, la dissolution a été subite et un nouveau comité permanent a été formé. »

L’ancien groupe est alors devenu un comité « aviseur », c’est-à-dire un comité sans pouvoir décisionnel auquel les nouveaux et les nouvelles membres peuvent s’adresser en cas de besoin.

« Le fait que les deux dirigeants qui ont été choisis sont des hommes, dans un comité de révision d’une politique qui se veut contre le harcèlement sexuel et les violences sexuelles, alors qu’on sait que ce sont surtout des hommes qui sont responsables de ces situations-là, je trouve ça absolument scandaleux », déplore la déléguée étudiante désignée au conseil d’administration Stéphanie Thibodeau. Selon cette dernière, c’est une décision qui en dit long sur la façon dont travaille l’administration de l’UQAM en matière de lutte et de prévention des violences à caractère sexuel.

Ayant eu l’occasion de suivre plusieurs formations ensemble, de discuter de longues heures et de produire de nombreux rapports, l’ancien comité avait eu l’occasion en deux ans de développer une expertise commune. « Cette expertise a été perdue avec l’abolition du comité institutionnel et la création du comité permanent », raconte la représentante étudiante sur le comité Esther Paquette. Celle-ci siège sur le comité depuis ses tout débuts en 2014.

Confusion interne

Ce qui inquiète, c’est surtout le manque de transparence de l’administration dans sa démarche. « On savait qu’il y allait avoir des mesures administratives et légales qui allaient être prises pour que la politique soit conforme à la loi, mais on n’était pas au courant que le comité allait être aboli », indique Esther Paquette.

Stéphanie Thibodeau confirme que toute cette opération a eu lieu à l’insu de certaines personnes impliquées. « Tout ça s’est déroulé dans une opacité incroyable, explique-t-elle. Certains membres rapportent avoir eu cette information au préalable, mais en dehors des rencontres. Les autres l’ont appris après le conseil d’administration. »

Une politique encore sujette aux changements

Ce bouleversement au sein du comité pourrait avoir un impact sur le renouvellement de la politique. « Nous nous inquiétons tout particulièrement du traitement qui sera fait de certains points sensibles qui n’ont pas toujours fait l’unanimité auprès de certains groupes de notre communauté universitaire, avance Florie Dumas-Kemp. Il s’agit, notamment, de l’inclusion de la “notion de sexisme” dans la Politique 16. »

Esther Paquette observe que ce remaniement causera un changement de dynamique au sein du groupe. « Bâtir une confiance entre les gens autour de la table, ça fait aussi partie des travaux pour construire une bonne politique le plus efficacement possible. On ne connaît pas les nouveaux membres, leur façon de travailler et de défendre leurs points », soutient-elle.

Le comité doit soumettre une nouvelle politique avant le 1er janvier 2019. Cet objectif sera probablement difficile à atteindre, selon ce qu’observe la représentante étudiante. « On fait le mieux qu’on peut avec ce qu’on nous donne présentement, témoigne Esther Paquette. Comme d’autres universités et cégeps, on va repousser [la date] pour vraiment prendre en compte les avis de la communauté universitaire. »

photo: CAMILLE FOISY MONTRÉAL CAMPUS

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