La « présence attentive » s’invite à l’UQAM

L’UQAM offrira à partir de janvier 2019 un programme court de 2e cycle sur la « présence attentive », pour les futurs professionnels en enseignement et en programme de relation d’aide. Cette approche, encore méconnue, a comme but de donner des outils à ces professionnels afin de réduire le stress de leurs étudiants.  

La méthode, qui s’est développée au début des années 2000 au Québec, est aussi appelée mindfulness. Elle invite à se recentrer sur soi-même. « C’est cette capacité à faire attention à ce qui se passe autour de nous […], mais aussi à l’intérieur de nous-mêmes, c’est-à-dire des sensations qui nous habitent, des pensées, des émotions », indique le directeur du nouveau programme, Simon Grégoire.

Selon M. Grégoire, la création du programme est fondée sur une demande réelle.   « En ce moment, plusieurs personnes nous envoient des courriels, nous téléphonent, pour avoir plus d’informations, souligne-t-il. Cela semble répondre à un besoin. » Seulement 40 personnes pourront être admises dans le programme cet hiver, pour des questions de ressources.

Pas à l’abri des critiques

M. Grégoire est conscient que la création d’un programme universitaire portant sur un domaine relativement récent peut générer des critiques. « J’ai l’impression que la recherche a un niveau de maturité suffisant pour qu’on y aille de l’avant », répond-il.

À noter que des « faux experts » peuvent ternir l’image de la présence attentive. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé M. Grégoire à élaborer cette formation. « Ce que l’on a cherché à faire, c’est d’offrir aux futurs étudiants une formation beaucoup plus rigoureuse qui est ancrée sur des données probantes », insiste-t-il.

Selon le psychologue Alain David Alterescu, la présence attentive est une pratique tendance en thérapie, que ce soit ici ou ailleurs dans le monde.

Grâce à la rigueur de la recherche scientifique, l’approche est devenue crédible aux yeux des psychologues. Au Québec, son étude s’est faite principalement par l’entremise du Groupe de recherche et d’intervention sur la présence attentive, dont Simon Grégoire est le directeur.  

La présence attentive a par ailleurs été démocratisée par la création d’applications mobiles, telles qu’« Headspace » et « Petit Bambou ».

L’intégrer aux plus jeunes

La méditation se taille tranquillement une place dans les écoles du Québec. Certains professeurs au primaire l’utilisent pour contrer le stress et l’anxiété de performance chez leurs étudiants. Or, selon le professeur Pascal Héon, de l’école primaire Paul-Bruchési à Montréal, les élèves sont d’abord portés à bouder cette technique, nécessitant donc beaucoup de persévérance de la part des professeurs pour l’insérer au sein de la routine scolaire.

La méditation serait difficile à implanter dans les écoles en raison du manque de professionnels pour donner les formations nécessaires, selon lui. « Des fois, il suffit juste que quelqu’un nous mobilise et après ça on reproduit et on continue […] Il n’y a pas encore assez de professionnels qui viennent nous appuyer là-dedans », affirme le professeur.

Pascal Héon confie que la méditation a apporté à ses élèves « la fierté d’avoir fait quelque chose de différent. Il ne faut pas sous-estimer ça. Quand les enfants ont l’impression que tu fais quelque chose qui sort de l’ordinaire, ça les marque positivement », soutient-il.

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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