Des avis politiques divergents sur la rémunération des stages

À deux jours du scrutin du 1er octobre, le mouvement de la rémunération des stages occupe encore et toujours le débat politique en enseignement supérieur. Le Montréal Campus a discuté avec des représentants des quatre partis principaux afin de revoir leurs avis dans ce dossier de l’heure.

Tour à tour, les politiciens interrogés l’admettent: le gouvernement élu aura l’obligation de se pencher sur la question et d’évaluer la faisabilité d’une rémunération ou d’une compensation universelle des travailleurs étudiants.

« Les étudiants savent qu’il faut regarder l’ensemble de la situation, et ce n’est pas simple, indique la ministre sortante de l’Enseignement supérieur, Hélène David. On n’a même pas la définition de ce qu’est un stage, par rapport à un praticum, par rapport à un internat, par rapport à un stage d’observation. »

La députée sortante d’Outremont a déjà demandé à son ministère de s’attaquer au dossier dans le but de tenir une « vaste consultation » sur les stages si le Parti libéral du Québec (PLQ) est reporté au pouvoir. Elle ne veut toutefois pas s’avancer sur la rémunération de tous les stages sans une étude complète.

Le représentant en enseignement supérieur de la Coalition avenir Québec (CAQ), Jean-François Roberge, voit les choses du même oeil. « On pense que chaque stage mérite une évaluation », dit-il.

« Essentiellement, les trois critères qui déterminent si un stage devrait être compensé financièrement ou pas, c’est la durée, l’intensité et la prise en charge, ajoute le député sortant de Chambly. C’est le genre de réflexion qu’on veut faire, parce qu’on ne présume pas que chaque stage serait compensé. »

En entrevue avec le Montréal Campus au début du mois de septembre, la porte-parole du Parti québécois (PQ) en la matière, Carole Poirier, a confirmé l’intention de sa formation de lancer un « chantier » d’étude sur le travail étudiant.

Cet exercice mènerait à une politique nationale sur la « compensation » des stages, selon Le Devoir.

Rémunération pour tous?

Québec solidaire (QS) met déjà de l’avant dans son programme une « politique nationale » de tous les stages.

« Peu importe le montant que ça coûte de rémunérer les stagiaires, lance la porte-parole en matière d’éducation supérieure de QS, Christine Labrie, on pense que c’est inadmissible qu’en 2018 des gens fassent un travail indispensable au fonctionnement de la société pour lequel ils ne sont pas rémunérés. »

Encore une fois, il faudra « s’asseoir avec tous les intervenants du milieu, que ce soit les  représentants du milieu étudiant, des universités, mais aussi des milieux qui reçoivent les stagiaires », poursuit Mme Labrie.

Carole Poirier, quant à elle, ne veut pas garantir que tous les stagiaires auraient droit à une rémunération ou à une compensation sous un gouvernement péquiste, mais elle continue à croire à une étude exhaustive.

« Qu’est-ce que c’est que ce phénomène d’exploitation-là?, demande-t-elle. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, et, pour la majorité, ce sont des filles qui sont dans ces stages non payés. »

Premiers pas

Appelée à commenter la compensation nouvelle du stage 4 en enseignement, Carole Poirier invite le prochain gouvernement à aller plus loin. « On ne peut pas prendre les stages à la pièce, insiste-t-elle. Ils ont réglé celui en éducation, mais l’autre d’à côté, ils ne le règlent pas. » Elle rappelle que les stages en sciences infirmières et ceux des sages-femmes n’ont pas reçu d’attention du gouvernement sortant.

Christine Labrie abonde dans le même sens. « On prétexte qu’on rémunère ces stagiaires-là parce qu’ils sont en fin de formation et donc qu’ils sont plus compétents, indique-t-elle. Du moment qu’un stage est obligatoire, il devrait être rémunéré. »

Protéger les stagiaires

Les trois partis d’opposition font entendre leur mécompréhension face à une Loi sur les normes du travail qui ne couvre pas les stagiaires. Hélène David convient de son côté qu’il « faut regarder ça de façon juridique ».

« C’est sûr que, s’il y a un accident de travail, il faut regarder la question, observe la ministre sortante. Comme la personne n’est pas salariée, elle ne peut pas avoir de congé de maladie. »

Jean-François Roberge y voit un « problème ». « On ne peut pas imaginer un étudiant qui fait un stage obligatoire, qui se blesse sévèrement, et qui n’a aucune compensation, aucun recours, aucune aide, et qui pourrait même hypothéquer sa vie », soutient-il.

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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