Les violences sexuelles sous la loupe de la recherche

L’UQAM continue de se démarquer en termes de lutte contre les violences sexuelles alors qu’elle est sur le point de mettre sur pied la première chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de l’enseignement supérieur au Québec.

Il ne manque que l’approbation du conseil d’administration de l’UQAM pour que voie le jour le projet qui profitera d’un financement d’un demi-million de dollars sur cinq ans de la part du gouvernement. « Les choses vont dans le bon sens, affirme la professeure au département de sexologie de l’UQAM et titulaire pressentie de la chaire Manon Bergeron. Si tout va bien, la création de la chaire devrait être effective à partir du 1er octobre. »

Il s’agit d’un projet de longue haleine pour cette dernière, dont l’idée d’une chaire de recherche ne cessait de grandir depuis les travaux de l’Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU). Si cette étude a porté le projet, ce sont les consultations de la ministre Hélène David auprès de la clientèle collégiale qui ont poussé Mme Bergeron à déposer une lettre dans laquelle est présenté le projet de chaire au ministère en novembre 2017.

« En participant à ces journées de consultation, je me suis rendu compte que les cégeps autant que les universités travaillaient en vase clos et qu’il y avait un besoin criant de réseautage entre les institutions », explique-t-elle.

La directrice du Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH), Maude Rousseau, abonde dans le même sens que sa collègue. « On souhaite trouver le plus de zones de collaboration possible pour que le projet se concrétise de manière efficace », indique-t-elle.

Une chaire sur le terrain

Observation, évaluation et mobilisation : ce sont les trois mots d’ordre la mission de la potentielle chaire. « Nos projets verront à cibler les besoins de soutien et d’accompagnement aux victimes dans le milieu de l’enseignement supérieur afin d’adapter les programmes en place », précise Manon Bergeron. Elle ajoute qu’il est important de se concentrer sur certains groupes qui sont particulièrement touchés par lesdites violences, telles que les personnes issues de la diversité de genre.

L’observation se fera sur le terrain. La directrice pressentie de la chaire entend reconduire l’enquête ESSIMU, mais dans d’autres milieux, tels que les cégeps.

La chaire s’assurera que ses programmes ont des retombées positives pour les gens qui en bénéficient. « Parfois, il y a de belles initiatives qui voient le jour, mais qui ne sont pas documentées de manière rigoureuse, explique Manon Bergeron. Si on ne fait pas de suivi, on ne connaîtra pas les effets. »

La mobilisation de la chaire, en collaboration avec le BIPH, permettra de générer des connaissances accessibles, notamment grâce à une plateforme web informative et des formations dans les milieux concernés.

L’UQAM, un berceau du mouvement féministe

Le choix du mot « sexistes » dans le nom de la chaire n’est pas banal, indique Manon Bergeron. « C’est une façon de marquer le continuum, de souligner qu’il y a un lien entre le sexisme et les agressions sexuelles. Bien sûr, une blague sexiste n’est pas une agression sexuelle, mais ça s’inscrit dans une même culture », précise-t-elle.

Souligner la position féministe de l’UQAM reste un enjeu capital, selon Mme Bergeron. « L’UQAM est bien positionnée en matière de prévention et d’action pour contrer les violences à caractère sexuel dans son milieu et la chaire de recherche nous propulserait encore plus loin », ajoute Maude Rousseau.

Pour les deux femmes, le fait que la chaire prenne vie au sein même de l’université où a débuté cette bataille n’est pas à négliger. « À l’UQAM, il y a quand même des forces vives dans le militantisme, et ça en fait une université où il y a des revendications et où on essaie de faire bouger les choses. C’est cette force qui a fait naître ESSIMU et le projet de chaire, donc on doit la préserver », dit Manon Bergeron.

Les consultations de la communauté sur le projet de politique 16 contre le sexisme et les violences à caractère sexuel s’achèveront le 30 septembre, juste à temps pour la naissance prévue de la chaire.

illustration: VINCENT LAPOINTE MONTRÉAL CAMPUS

Commentaires

Une réponse à “Les violences sexuelles sous la loupe de la recherche”

  1. Avatar de Martine Pelletier
    Martine Pelletier

    Le message est pour Mme Manon Bergeron,
    Bonjour et félicitation pour votre titre de scientifique de l’année.

    Mon nom est Martine Pelletier, étant jeune de 4 ans et 12 ans j’ai été victime d’abus sexuel par 4 abuseurs différents, j’ai vécu un réel traumatiste. J’ai remis en doute mon intérêt à devenir une adultes. Pour passer de victime à survivante, j’ai dû faire une thérapie dès l’âge de 25 ans et ce pendant 10 ans avec l’aide du C.L.S.C . J’ai travaillé auprès de femmes victimes de violence conjugale, de victimes d’abus sexuel qu’il soit en détention ou non. Je suis maintenant âgée de 62 ans, maintenant je suis à finaliser mon autobiographie,
    le but est de venir en aide aux victimes d’abus sexuel, leurs familles et leurs amis(ies). J’aimerais vous rencontrer qui sait je pourrais probablement vous aider et si cela vous convient vous pourriez peut–être me préfacer mon livre. Je pourrais sans problème aller vous rencontrer à Montréal, j’ai quelqu’un chez qui je pourrais loger. Si vous le souhaitez je pourrais vous donner mon # téléphone lors d’un prochain couriel, merci et à la prochaine.

    Martine Pelletier

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