Intégrations 2018: un changement de mentalité qui s’imposait

Finies, les initiations trash ? Les mesures pour prévenir les violences sexuelles se sont multipliées cette année, un monde de différences par rapport aux éditions précédentes.

Plusieurs associations étudiantes uqamiennes ont emboîté le pas pour mieux outiller les étudiants chargés d’organiser les activités d’intégrations.

À l’Association facultaire étudiante de langues et communication (AFELC), on s’est assuré que les chefs d’équipe aient assisté à la formation offerte par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) et supportée par le Bureau d’intervention et de prévention en harcèlement. D’une durée de quelques heures, elle a principalement pour but de conscientiser sur les violences sexuelles et de clarifier la notion du consentement.

« Pour nous, on voulait s’assurer que le consentement soit bien compris, indique la responsable à la coordination de l’AFELC, Chanel Vincent-Dubé. C’est [aussi d’] accompagner une personne qui [veut témoigner] qui est super important. Ça peut arriver, même si on met tout en application pour que ça n’arrive pas. »

Du côté de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG), les organisateurs ont aussi serré la vis. Depuis trois ans, les bénévoles doivent assister à une formation de trois heures issue de la campagne « Sans oui, c’est non ».

Cette année, l’AéESG collabore avec l’initiative « Commande un Angelot ». Ce faisant, un examen basé sur des courts métrages a été ajouté au processus. La formule est simple : pas de note de passage, pas d’activités d’intégration. « Ce n’est pas vraiment un changement de mentalité, mais plutôt un renforcement de sécurité pendant les intégrations. On s’y attarde beaucoup plus cette année », estime la présidente de l’AéESG, Geneviève Harvey.

L’Association des baccalauréats interdisciplinaires des champs d’études politiques (ABICEP), qui a également formé ses bénévoles, s’attaque au rapport d’autorité entre les initiés et les intégrateurs, interdisant les rapports sexuels entre les deux groupes.

« On a dit que si les initiateurs ne respectaient pas [ces conditions], on allait les mettre en dehors de l’association. C’est tolérance zéro », tranche la coordonnatrice à la vie étudiante, Eva Boivin. La parité au sein des groupes d’initiateurs a d’ailleurs tenté d’être instaurée.

Des détails qui font la différence

Plusieurs initiatives indiquent un changement de mentalité marqué au sein des comités organisateurs. À commencer par l’appellation des festivités, qui sont désormais des « intégrations », remplaçant « initiations » ; une connotation qui semble désormais lourde de sens.

« Le terme intégration semblait plus proche de l’objectif recherché lors de ces journées. On remarque d’ailleurs depuis quelques années, que le terme “journées d’intégration” tend à devenir “les journées d’accueil et d’intégration”, et même simplement “journée d’accueil” », a souligné par courriel le directeur adjoint aux Services à la vie étudiante (SVE), Jonathan Giguère.

L’AFELC a pour sa part organisé des « safe space » dans certains bars, permettant aux initiés de se distancer momentanément des activités. « Je pense que c’est l’un des meilleurs changements qu’on ait pu amener. C’est vraiment autour de la conscientisation. Je pense que cette année, comparativement et particulièrement aux autres années, on a vraiment été conscients d’une problématique qu’il y avait et qu’on ne veut plus revoir », affirme Chanel Vincent-Dubé. La fameuse « french list », qui permettait aux équipes d’amasser des points en embrassant des personnes ciblées, a notamment été abolie.

L’ensemble des intervenants consultés par le Montréal Campus s’entendent sur un autre point : les défis à caractère sexuel n’ont plus leur place. « Ce n’est vraiment pas dans la façon dont on s’inscrit cette année », de déclarer Chanel Vincent-Dubé.

Indépendantes, les assos ?

Certaines associations facultaires choisissent de rencontrer les SVE à l’aube des activités d’intégration, mais seulement dans l’optique de s’assurer que certaines règles en lien avec la sécurité des étudiants et la consommation d’alcool ne seront pas enfreintes.

En vertu de la partie 3 sur la Loi des compagnies, les associations étudiantes sont des « corporations indépendantes incorporées ». Le directeur adjoint des SVE, Jonathan Giguère, précise que « comme elles sont aussi reconnues par l’UQAM en vertu de la politique 32, elles bénéficient de privilèges et en retour elles ont des obligations vis-à-vis de l’UQAM. »

Cette distinction mène les comités organisateurs à insister auprès des bénévoles sur l’importance de ne pas inclure le nom de l’UQAM lors de la publication de clichés sur les réseaux sociaux.

La dissociation entre les deux parties doit donc être claire sur le Web. « Il est vrai que les médias accordent une attention particulière aux activités d’accueil et d’intégration, c’est la raison pour laquelle il est important pour nous de sensibiliser les associations étudiantes et les comités organisateurs à cette réalité », ajoute M. Giguère. Généralement, les comités organisateurs ont un plan de communication prévu pour la gestion de quelconque crise.

photo: MÒRAG BÉLISLE MONTRÉAL CAMPUS

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