Une petite soeur pour l’école d’été destinée aux femmes autochtones de l’UQAM

À la suite du succès de l’école estivale pour les femmes autochtones leaders de l’UQAM, un deuxième programme a ouvert ses portes à Ottawa cet été, permettant à un plus grand nombre de participantes d’être formées sur la gouvernance au féminin.

L’anthropologue Isabelle Picard, qui enseigne le cours d’été à l’UQAM, souligne l’importance d’ouvrir une deuxième école en anglais.« Il y a la moitié ou à peu près des autochtones au Québec qui sont anglophones », indique-t-elle.

Offert du 30 juillet au 10 août, le parcours de cette nouvelle école d’été, mise en place à l’Université Saint-Paul à Ottawa, a été similaire à celui offert à l’UQAM depuis 2017. Durant 45 heures de cours, une dizaine de femmes autochtones, toutes impliquées de manière différente dans leur communauté à travers le Québec et l’Ontario, ont accumulé trois crédits universitaires en assistant à des conférences et à des discussions sur la gouvernance autochtone au féminin.

« Une deuxième école me rend très fière», indique Liette Ishpatao, de la communauté de Natashquan, qui a participé à la deuxième édition de l’école d’été à l’UQAM, pionnière du programme. « Je vois de plus en plus de femmes qui veulent s’impliquer dans leur communauté », observe la participante.

Néanmoins, Hélèna Lalo, représentante des femmes autochtones urbaines et originaire de la communauté de La Romaine, rappelle que les deux écoles d’été actuelles ne sont pas accessibles à toutes puisque ce n’est pas l’ensemble des Autochtones qui savent parler l’anglais ou le français.

Se déplacer à Montréal ou à Ottawa peut également représenter un défi. « Peut-être que de démarrer une école à Sept-Îles, par exemple, serait une solution », suggère Mme Lalo.  L’Innue sollicite également l’instauration d’un deuxième volet de l’école estivale, afin de pousser les réflexions des participantes encore plus loin. Elle considère qu’un seul est trop sommaire.

Sur les pas de l’UQAM

La formation francophone s’est déroulée du 23 juillet au 3 août à l’UQAM. Plusieurs femmes en sont ressorties avec de nouveaux projets. Liette Ishpatao souhaite apprendre aux enfants du primaire et du secondaire à développer leur leadership. Hélèna Lalo se donne comme défi de changer les codes électoraux de sa nation l’année prochaine afin d’établir la parité homme-femme. Pour sa part, leur collègue Uapukun Mestokosho, de la communauté d’Ekuanitshit, commencera un baccalauréat en droit à l’UQAM à l’automne, dans le but de défendre ses droits et d’en faire plus pour son peuple.

L’école estivale a été instaurée conjointement par Femmes autochtones du Québec, le Service aux collectivités de l’UQAM et la Faculté de science politique et de droit de l’université. « Le but est de pouvoir offrir une formation créditée aux femmes des communautés pour qu’elles puissent vivre une première expérience universitaire, dans certains cas, puis créer un lieu de rencontre pour tisser des liens entre elles », explique l’adjointe à la coordination de l’école d’été à l’UQAM, Jeanne Strasbourg.

« Encore beaucoup de travail à faire »

Durant les deux semaines, le cours s’est imprégné de l’actualité, notamment dû au scandale de la pièce de théâtre Kanata, de la notion de l’appropriation culturelle et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA).

En plus de faire face à des dizaines de démissions de la part de ses membres, la commission de l’enquête s’est vue attribuer en mars dernier un prolongement, qu’elle considère trop court, et doit remettre ses rapports le 30 avril 2019.

Hélèna Lalo soutient que le délai de six mois accordé à l’ENFFADA n’est pas suffisant pour que la situation actuelle cesse. « On veut arrêter les agressions parce que ça n’arrête jamais! Les enfants, on les retrouve dans les champs, dans les rivières et on ne sait pas qui fait ça », déplore l’étudiante.

Uapukun Mestokosho se questionne sur la réelle portée de l’enquête. « Ils font des commissions, des enquêtes, mais est-ce que les solutions proposées vont vraiment être écoutées et mises en place? avance-t-elle. Ils veulent améliorer les choses, mais pas comme nous on l’aimerait. Je ne suis pas surprise parce que ça fait longtemps qu’ils nous traitent comme ça. »

Liette Ishpatao considère que l’ENFFADA doit offrir plus de réponses. « Je souhaiterais que les femmes gagnent et qu’on leur donne des excuses. » Pour se faire, le mieux est de travailler ensemble, de communiquer et de s’allier, stipule Hélèna Lalo.

Les trois étudiantes innues souhaitent avant tout voir le statut de la femme autochtone s’élever, autant à l’échelle des communautés qu’à l’échelle nationale. « Il faut que la femme reprenne la place qu’elle avait dans le temps, qu’elle soit écoutée, respectée et non mise en bas de l’homme », manifeste Uapukun Mestokosho.

photo: ZOÉ BELLEHUMEUR MONTRÉAL CAMPUS

Uapukun Mestokosho, Liette Ishpatao et Hélèna Lalo ont participé à la deuxième édition de l’école d’été pour femmes autochtones leaders de l’UQAM

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